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DES ORGANES DE LA VOIX.

prépare la voix, nous avons fourni une nouvelle preuve de la justesse de notre manière de voir, d’une part, au sujet du larynx, que nous considérons comme organe principal de la voix ; et, d’une autre part, au sujet de la trachée-artère dont la partie cartilagineuse est organe de la voix, et dont l’autre partie est organe de la respiration. Évidemment il n’était pas possible qu’un organe autrement construit que ne l’est la trachée-artère exerçât mieux cette double action. En effet, il fallait absolument qu’elle fut composée de pièces immobiles et d’autres mobiles, puisqu’en tant qu’organe de la voix elle ne pouvait se dilater et se contracter ; attendu que pour remplir cette fonction (c’est-à-dire la formation de la voix), il fallait une rigidité telle, qu’il lui était impossible de subir tour à tour ce changement d’état ; d’un autre côté, en tant qu’organe de la respiration, elle ne pouvait être assez dure pour moduler un son, puisque sa première fonction était le mouvement[1]. Mais maintenant les pièces mobiles, étant alternativement disposées avec les pièces immobiles, la voix est produite par les pièces immobiles, et la respiration par celles qui sont mobiles. De plus, les pièces immobiles, emportées par le mouvement des pièces mobiles se meuvent accidentellement avec elles ; c’est une conséquence de leur union.

Ainsi donc cette artère est une partie essentielle du poumon elle manque nécessairement chez les poissons, aussi bien que le poumon lui-même, puisque, vivant dans l’eau, ces animaux n’ont aucun besoin de la voix. Pour rafraîchir le sang échauffé du cœur, or les poissons n’avaient besoin de respirer que pour cela, la nature a disposé les branchies. Nous avons dit quelques mots de leur structure (VI, ix), et nous en reparlerons d’une manière spéciale et plus complète dans notre ouvrage Sur l’anatomie de tous les animaux.

Maintenant, après avoir démontré que tout ce que nous avons

  1. Cela revient à dire que les conditions d’organisation propres d’une part à l’émission de la voix, et de l’autre à l’acte de la respiration sont si opposées que, si la nature n’eût pris en considération que l’une ou l’autre catégorie de ces conditions, l’une ou l’autre de ces fonctions eût été abolie ; car ni un organe de la voix ne paraît être susceptible d’une dilatation et d’un resserrement tels qu’il pût servir en même temps à la respiration, ni un organe de la respiration ne parait être assez rigide pour servir à l’émission des sons.