Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T1-1854.djvu/502

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
470
UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, VII, vii.

qu’ils eussent pressé l’œsophage en pesant sur sa convexité, ils auraient encore notablement rétréci le passage, lorsqu’on avale un bol alimentaire très-volumineux. Dans l’état actuel, en de semblables circonstances, la tunique de la trachée-artère établie dans cet endroit, repoussée par le voisinage des aliments et se repliant sur l’espace laissé libre par les cartilages, permet à l’œsophage de prêter au passage des aliments toute sa capacité. Dans ce cas, la convexité des cartilages faisant obstacle aux distensions de l’œsophage eût intercepté une grande partie de sa largeur, et par là rétréci le canal des aliments.

Si l’on pouvait à la fois avaler et respirer, loin qu’une telle situation fût avantageuse, elle nous serait nuisible, attendu que la convexité de l’œsophage, empiétant sur la largeur de la trachée-artère, rétrécirait d’autant le passage de l’air. Mais, comme l’acte de la respiration s’accomplit dans un temps, et celui de la déglutition dans un autre, l’artère et l’œsophage se prêtent mutuellement l’espace occupé par leur canal, de sorte qu’en peu de temps, une plus grande quantité de matière passe à travers chacun des conduits. De plus, la forme cylindrique des conduits a été disposée parfaitement pour que le plus de matière possible passât par le canal le plus petit possible, et pour que ces conduits fussent à l’abri des lésions. En effet, nous avons montré (I, xi, xiv ; III, viii ; IV, vii) que cette figure est celle qui prête le moins aux lésions, et que c’est la plus grande de toutes celles qui ont un périmètre égal. S’il en est ainsi, la plus grande quantité de matières passera le plus facilement par les organes les plus étroits.

En outre, comment n’admirerait-on pas qu’une commune tunique (membrane muqueuse) rattache la trachée et l’œsophage l’un à l’autre, et ces deux conduits à la bouche ? En effet, nous avons montré (IV, viii) que cette tunique concourt grandement à la déglutition dans l’œsophage et que, dans la trachée-artère, elle tapisse intérieurement les cartilages et les relève avec le larynx vers le pharynx (cf. plus bas, chap. ix), quand l’animal avale ; cela se passe d’une façon tout à fait semblable à ce qui se pratique avec la machine appelée grue (κληώνειον).

Pourquoi était-il préférable que les cartilages de l’artère fussent tapissés par une semblable tunique ? Parce que souvent il devait