vous montrera que la réfrigération arrive au cœur plus promptement du calcanéum que de l’encéphale[1] :
Si le cœur et le talon paraissent avoir été assez éloignés l’un de l’autre, du moins chez l’homme, il n’en est pas ainsi chez tous les animaux ; ils ne sont pas non plus séparés par une double enveloppe osseuse comme par des murs solides. En effet, dans les parties inférieures seulement, le thorax n’est plus osseux ; dans cette région est placé un corps membraneux et musculeux appelé diaphragme, très-propre à transmettre une réfrigération. D’ailleurs, vous n’en trouverez pas moins que le calcanéum est plus froid que l’encéphale. Notez encore qu’à défaut d’autre cause, la continuité du mouvement est capable d’échauffer l’encéphale, sans parler de la multiplicité et de la grandeur des veines et artères qui s’y trouvent et qui surpassent pour la chaleur celles de toute autre partie du corps. Il est encore recouvert par deux méninges (dure-mère et pie-mère), puis vient un os très-dur, très-dense et très-épais (car tel est l’os placé à sa base), et c’est à travers cet os et non par le sommet que la réfrigération doit s’ouvrir un passage vers le cœur ; ces corps augmenteront nécessairement la chaleur de l’encéphale et rendront à cette réfrigération le chemin du cœur bien difficile et même complétement impraticable.
Du reste, pourquoi cette nécessité de préparer dans l’encéphale une réfrigération pour le cœur, en présence de la respiration dont l’action est tellement continue et incessante ? Tant qu’elle agit sur l’animal, elle peut rafraîchir le cœur de deux façons : dans l’inspiration en introduisant un air frais, et dans l’expiration en entraînant les parties brûlées ; à moins qu’on n’imagine que l’air est plus chaud que l’encéphale, et qu’en conséquence le cœur, moins rafraîchi qu’il n’est convenable, a besoin encore du secours de
- ↑ « Si cerebrum refrigeraret cor, non tam longe invicem abessent. Respond. : cerebrum non descendit ad cordis refrigerium : sed sanguis, e corde in cerebrum delatus, refrigeratur ibi, ut sensus, qui in corde fieri debebant (non poterant autem fieri propter motum caloris) fiant in cerebro, ubi quies est. Quamobrem iterum dici potest : non est sermo Aristoteli de refrigerio κατὰ συνάφειαν per contactum, sed de refrigerio κατὰ συμπάθειαν per consensum. Et utitur hac voce (ne arguteris, hujus vocis συζύγῳ, conjugato, aut si mavis, condeclineo). Part. anim., II, vii. Hoc si displicet, vide Costæi explicationem, lib. VI. Disp. physiol. » Hoffmann, l. l., p. 163. Voilà, sans contredit, un des plus curieux spécimens de la critique scientifique du XVIIe siècle !