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DE LA TÊTE, DE L’ENCÉPHALE, DES SENS.

portées de dedans en dehors par les conduits du nez, tandis que de dehors en dedans remontent les corpuscules saisis par la faculté olfactive, et un seul organe sert à ces deux utilités, l’une nécessaire à la vie même, l’autre rendant la vie plus agréable.

Il existe deux autres conduits (voy. IX, iii, init. p. 573 et Dissert. sur l’anat.) en pente, lesquels versent par le palais, dans la bouche, les superfluités de tout l’encéphale. Quand l’animal est en parfaite santé et que la nutrition s’opère bien, ces conduits seuls suffisent. Ainsi la première utilité des conduits de l’encéphale ouverts dans les narines, utilité en vue de laquelle surtout elles existent, c’est non pas d’évacuer les superfluitês, mais d’offrir un secours surabondant à l’encéphale malade, et d’abord de juger les odeurs elles-mêmes.

Une utilité plus grande encore et nécessaire à la vie même, c’est de permettre la respiration de l’encéphale (cf. Utilité de la respirat., fragm. ; Des causes de la respir., Dissert. sur la physiol.). Ce fait, comme tout autre, n’est pas mentionné en vain par Hippocrate[1]. Donc pour toutes ces raisons et pour celles que nous allons énoncer, l’odorat est le seul des sens logé dans l’encéphale même.

Comme la membrane de ce sens devait être percée de trous nombreux et larges pour transmettre facilement à l’encéphale

  1. Les commentateurs ne sont pas d’accord sur le passage d’Hippocrate, auquel se rapporte cette allusion de Galien. Les uns pensent qu’il a en vue cette phrase du traité De l’aliment, p. 382, l. 14-15, éd. de Foës, « les principes de la nutrition du pneuma sont les narines et la bouche, » phrase citée aussi par Galien dans De usu respirat., cap. v. Les autres sont d’avis qu’il renvoie indirectement au traité De la maladie sacrée, dans lequel on lit : « Le sujet perd la voix parce que le phlegme, descendant tout à coup dans les veines, intercepte l’air qui n’est plus reçu, ni dans le cerveau, ni dans les veines caves, ni dans les cavités, la respiration étant interceptée. En effet, quand on aspire le souffle par la bouche et les narines, ce souffle va d’abord au cerveau… l’air qui va dans le poumon et dans le cerveau, concourt et produit ainsi l’intelligence, et dans les membres le mouvement. » § 7, trad. de M. Littré, t. VII, p. 373. Comme ce passage est beaucoup plus explicite que celui du traité De l’aliment, je pense que Galien l’avait dans la pensée quand il affirme qu’Hippocrate admettait une respiration du cerveau. Hoffmann, l. l., p. 175-189 et 192 suiv., a longuement examiné cette théorie. Sur les divers usages assignés par Galien aux ventricules du cerveau , voy. ma Dissertation sur la physiologie.