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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, IX, viii.

dure-mère elle-même et la portion de l’encéphale qui y correspond, sont la glande pituitaire, le plexus réticulé, et le conduit du palais (voy. Dissert, sur l’anat.). On voit très-clairement si l’on examine par ses yeux, moins clairement si l’on s’en tient à une simple description, que ni à la partie antérieure de la tête, ni à la base, il ne reste une place pour le prolongement des nerfs sensitifs vers la langue (nerf lingual ; portion de la 3e paire de Gal., de la 5e des mod.). En effet, à la partie antérieure, sont les prolongements vers le nez et vers les yeux (n. olfactifs et n. optiques), à la base se trouvent la glande pituitaire et le plexus réticulé.

Ainsi, la partie antérieure même de l’encéphale étant déjà traversée par des prolongements, et la base n’offrant plus de chemin libre, il fallait chercher une troisième place pour les nerfs du goût (voy. p. 585, l. 15-16). Les parties postérieures de l’encéphale étant dures ne pouvaient engendrer de semblables nerfs ; les parties supérieures ne donnant naissance à aucun nerf d’aucune partie, n’en devaient pas non plus fournir à la langue. Or, nous avons montré mille fois avec quel soin la nature a pourvu à la sûreté des parties, surtout des parties importantes. Quand leur mollesse les expose à être blessées par toute espèce de corps, c’est alors surtout qu’elle cache ces parties et les défend de tous côtés. Si elle eût engendré des parties latérales de l’encéphale qui répondent aux yeux, les nerfs de la langue, leur trajet même dans ce cas n’eût pas été aussi sûr que s’ils provenaient de la base. Si donc il était mieux que ces nerfs dérivassent de la base et pour leur sûreté, et parce qu’au bas était placée la langue, et si d’un autre côté toute la partie antérieure était déjà occupée par les corps énumérés, il était nécessaire d’établir leur origine aux parties postérieures vacantes (protubér. annulaire). C’est ainsi qu’il fut fait, puisque de cette façon seulement ils pouvaient se produire convenablement ; et c’est là qu’est établi le double point de départ des nerfs sensitifs de la langue. En effet, ce sens était double comme les autres, ayant une partie droite complétement identique à la partie gauche (voy. VIII, x, p. 557). Mais comme il devait concourir à la mastication et à la déglutition, et être un organe de la parole, pour ce motif, ses parties se sont réunies et ont formé un tout géminé. La nature a donc eu raison de détacher dès le principe un nerf spécial sur chacune des moitiés de la langue.