Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T1-1854.djvu/632

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
600
UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, IX, xv-xvi.

parties voisines des sourcils et à tout le front. Le nerf (facial, portion dure de la 7e paire) qui sort des trous borgnes et qui envoie aux muscles temporaux un petit filet (anast. de la br. temporo-faciale avec l’auriculo-temp. ?), détache des ramifications sur les glandes, sur les autres parties voisines des oreilles et sur les parties minces des joues. La plus grande portion de ce nerf opère le mouvement latéral des mâchoires au moyen du large muscle [masséter] dont il sera parlé plus tard (XI, iv-vi).

La peau, même couverte de cheveux, reçoit des parties sous-jacentes en vue de la sensation seule, comme tout le reste de la peau de l’animal, des filets petits, minces, rares, difficiles à voir, semblables aux fils d’une toile d’araignée. Mais la peau du front, qui participe au mouvement volontaire, possède avec raison des fibres de nerfs sensibles et visibles (rameaux fournis par la 5e et la 7e paires). Elle repose en effet sur une couche musculeuse mince qui reçoit en elle de nombreux filets nerveux. On ne peut en arracher le derme comme dans le reste du corps ; partout il est uni avec elles ; tous les deux, muscles et peau, n’ont qu’un mouvement capable de relever les sourcils.

Une chose plus admirable encore c’est l’union de la peau aux muscles de la lèvre. Car ici vous ne pouvez pas dire que les muscles sont placés en dessous et la peau à leur surface, comme pour le front, pour beaucoup de parties des deux joues, de la paume des mains et de la plante des pieds. Là nous pouvons séparer et limiter nettement l’endroit où finit le muscle, où commence la peau. Mais dans la peau des lèvres il s’opère un mélange si intime, une telle union et une absorption réciproque si complète que vous ne pouvez appeler ni muscle ni peau le résultat de ce mélange pris dans son ensemble ou divisé en parties ; vous appelleriez à bon droit les lèvres des animaux ou muscles peauciers ou peau musculeuse. Cette bizarrerie, cette singularité de composition sont motivées par la spécialité de leur action. En effet, il était utile pour les lèvres de se rapprocher exactement, de se séparer, de se tourner en tous sens. Aucun de ces mouvements ne s’effectuerait à la fois avec force et aisance, ni comme il s’opère dans l’état actuel, si leur substance n’eût été composée de cette façon. — Voy. XI, xv.