Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T1-1854.djvu/640

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
608
UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, X, iii.

vi ; Instrum. odoratus, iii ; Sympt. caus., I, ii) ; que le cristallin est le principal organe de la vision. Ce qui le prouve évidemment, c’est l’effet produit par la maladie que les médecins appellent suffusions (cataracte, ὑπόχυματα)[1], suffusions qui viennent se placer entre le cristallin et la cornée et qui gênent la vision jusqu’à ce qu’elles soient rompues par la ponction.

Le cristallin étant une substance blanche, claire, brillante et pure (car à ces conditions seulement les couleurs ont action sur elle. — Voy. I, ix, p. 129), ne pouvait pas être nourri directement par le sang même, corps doué de propriétés si différentes, il avait besoin d’un aliment plus spécial[2].

Aussi la nature a-t-elle créé et préparé pour lui un aliment approprié, l’humeur vitrée : autant celle-ci est plus épaisse et plus blanche que le sang, autant elle est inférieure au cristallin pour la limpidité et le brillant. Ce dernier, en effet, est parfaitement blanc et médiocrement dur ; l’humeur vitrée est comme un verre liquéfié par la chaleur ; elle est blanche, si l’on suppose un peu de noir mêlé à beaucoup de blanc dont il altère la pureté dans toute cette humeur. Il n’existe aucune veine ni dans l’une ni dans l’autre de ces substances blanches. Évidemment donc elles sont nourries par transmission (κατὰ διάδοσιν)[3], le cristallin par l’humeur vitrée et celle-ci par le corps qui l’enveloppe, lequel est une portion épanouie descendue de l’encéphale.

  1. Voy. la Dissertation sur la pathologie. — On remarquera toutefois que Galien regarde à tort le cristallin, comme l’organe essentiel de la vue, puisque la vue peut être à peu près complétement rétablie après l’abaissement ou l’extraction du cristallin dans l’opération de la cataracte ; mais on peut dire pour sa défense qu’il avait une idée fausse de la maladie elle-même et des opérations qu’elle réclame, ainsi qu’on le verra dans la même Dissertation. — Voy. aussi Adams, Notes sur Paul d’Égine, t. II, p. 280-283.
  2. Fabrice d’Aquapendente, comme nous le montrerons dans la Dissertation sur la physiologie est un des premiers qui aient réfuté toute cette théorie sur l’alimentation du cristallin. On verra dans cette même Dissertation à quelles longues et nombreuses discussions les anatomistes et physiologistes du xvie siècle se sont livrés sur les usages et l’utilité du corps vitré.
  3. Voy. Hoffmann, l. l., p. 221 et la Dissertation sur la physiologie.