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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, X, iv-v.

cristallin ne devait être aucunement gêné par cette tunique noirâtre, mais elle-même ne devait pas être incommodée par la cornée.

Un plus grand sujet d’admiration, c’est l’ouverture de la pupille. L’omission de la pupille seule rendait complétement inutiles toutes les parties élaborées avec tant de soin. Mais la nature ne devait pas omettre cette partie non plus qu’aucune autre ; elle a percé en cet endroit cette tunique noirâtre, l’uvée (voy. p. 619, note 1). C’est le nom qu’on lui donne, la comparant, je pense, à un grain de raisin pour le poli extérieur (face antér. ou iris proprem. dit) et les inégalités intérieures (face postér. ou uvée) ; c’est à cette ouverture seulement qu’il n’existe aucune autre tunique entre la cornée et le cristallin, mais par le moyen d’une lame de corne blanche, s’opère entre la lumière du dedans et celle du dehors la communication et le mélange. Le Créateur de l’homme, voulant empêcher la cornée de toucher jamais le cristallin par cette ouverture, a écarté un peu en dehors cette partie de la cornée ; il a de plus versé autour, du cristallin un liquide ténu et pur (humeur aqueuse), comme il s’en trouve dans les œufs ; en troisième lieu, il a rempli toute la cavité de la pupille d’un air subtil et lumineux. Tel est l’état réel des choses.

Si le discours a encore besoin d’éclaircissement, c’est surtout pour ceux suivant qui on ne saurait découvrir ni fonction ni utilité aucune, et qui se hâtent de déclarer que toutes choses demeurent cachées et entièrement inconnues. Cette cornée, à l’endroit où elle dérive de l’iris, vous paraîtra très-proche du cristallin, toutes les humeurs et tuniques des yeux se rencontrant à cet endroit ; mais à mesure qu’elle avance vers l’extérieur, elle s’écarte toujours plus, son plus grand éloignement est en face de la pupille, comme on peut l’apprendre par les dissections et par les ponctions dans les suffusions (cataractes) ; car toutes les suffusions venant se loger dans l’espace situé entre la cornée et le cristallin, l’instrument qu’on y introduit pour les déplacer se promène dans un large espace, en haut, en bas, de droite à gauche, en un mot à l’entour et de tous côtés sans toucher ni l’un ni l’autre de ces corps, comme s’ils étaient séparés par un long intervalle.