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DES YEUX ET DE LEURS ANNEXES.

ces membranes recouvrent elles-mêmes les muscles qui meuvent la paupière, muscles excessivement petits, et elles sont tendues elles-mêmes par les aponévroses insérées sur le tarse. Nous avons dit précédemment (ibid., p. 627) que le tarse est cartilagineux, placé comme un ligament sur le corps membraneux qui engendre la paupière, mais jusqu’ici nous n’avions pas encore dit nettement qu’il reçoit les prolongements de ces petits muscles élargis et amincis. Apprenez donc maintenant ce fait même, et sachez que l’un des muscles, établi latéralement dans le grand angle, vers le nez (moitié droite de l’orbiculaire super. interne ?), occupe la moitié du tarse située de ce côté, que l’autre muscle, latéral aussi, mais s’étendant du côté du petit angle (moitié gauche de l’orbic. int. sup. ?), occupe l’autre moitié du tarse avoisinant. Quand le premier agit, il tire en bas la partie de la paupière qui lui fait suite du côté du nez ; quand c’est le second qui entre en action, il tire en haut l’autre partie. En effet, le sommet du premier étant placé dans le grand angle, et celui du second au sourcil, et la tension pour tous les muscles s’opérant vers leur principe, il en résulte nécessairement que pour une partie de la paupière, celle du côté du nez, le mouvement s’accomplit de haut en bas, et pour l’autre, celle du côté du petit angle, de bas en haut. Si donc dans le même temps, l’un et l’autre tendent également la paupière, la partie du petit angle sera tirée en haut, et celle du grand angle sera tirée en bas, en sorte que l’œil ne sera pas plus ouvert que fermé. C’est ce qu’Hippocrate nomme paupière plissée[1] ; c’est l’indice, selon lui, d’une grande gravité dans les maladies, il appelle aussi distorsion cette déformation de la paupière (cf. Aph., IV, 49). Cette affection des muscles résulte de ce que chacun d’eux, affecté de spasme, tire la partie du tarse qui est voisine. Si l’un des muscles agit, tirant à lui la paupière, et que l’autre reste dans un entier repos, il arrive alors que toute la paupière s’ouvre et se ferme. En effet, toujours la partie du tarse qui est mue, tire avec elle l’autre partie. La cause en est la dureté du tarse. En effet, s’il était membraneux, charnu, ou mou de toute autre façon, le mouvement d’une partie n’entraî-

  1. Pronostic, § 2 fine ; voy. la note 12 correspondante dans mon édition d’Hippocrate. Il me paraît que la définition du καμπύλον donnée ici par Galien est la plus naturelle et la plus compréhensible.