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DES YEUX ET DE LEURS ANNEXES.

voisins, ni pour l’organe lui-même, s’il eût été absolument nécessaire de le créer, et si, par un moyen aisé et facile, il n’eût été possible de disposer sur un seul plan les deux conduits.

Quel est donc ce moyen si aisé et si facile que dès le principe nous avons l’intention d’expliquer ? c’est la rencontre des conduits (chiasma ou commissure des nerfs optiques). En effet, deux lignes droites se rencontrant en un point commun, qui constitue pour ainsi dire leur sommet, sont toujours dans un seul plan, même si, à partir de cet endroit, elles se prolongent de chaque côté à l’infini ; les lignes droites qui réunissent en un point quelconque ces deux lignes prolongées indéfiniment occupent le même plan que ces deux lignes elles-mêmes, et par conséquent tout triangle est nécessairement contenu dans un seul plan.

Pour ne pas comprendre ces propositions, il faut évidemment ne pas connaître même les principes de la géométrie. Il serait trop long pour moi d’en donner les démonstrations qui d’ailleurs ne seraient point comprises, à moins de connaissances nombreuses préalables. Euclide, dans le onzième livre de ses Éléments, démontre le présent théorème, qui est le second dans ce livre (Prop. 2, éd. d’Oxford, p. 330) ; ce théorème est ainsi énoncé : Deux lignes droites qui se coupent sont dans un seul plan, et tout triangle est dans un seul plan. Il faut apprendre la démonstration dans Euclide ; quand vous la saurez, revenez à nous et nous vous montrerons sur l’animal ces deux lignes droites, c’est-à-dire les conduits venant du cerveau.

Chacun d’eux de son côté, pénétrant dans un œil comme il a été dit précédemment, s’étale circulairement et en voûte comme un réseau jusqu’au (rétine) cristallin, enveloppant à l’intérieur le corps vitré, de sorte que sur la même ligne droite se trouvent la pupille, toute la racine de l’œil où le nerf commence à s’épanouir, et, en troisième lieu, la réunion des nerfs optiques à la partie qui est en avant de l’encéphale, point à partir duquel ces nerfs commencent à se trouver sur le même plan. La nature a disposé les yeux dans une position convenable et n’a pas placé l’une des deux pupilles plus haute que l’autre. Aussi était-il préférable que les nerfs qui procurent aux yeux la sensation de la vue, surgissent de la même source.