de mouvement, en sorte que dans aucune partie un filet nerveux ne fait défaut ni ne surabonde, mais que toujours il y en a précisément un proportionné à l’importance et à l’utilité de la partie.
Si toutes ces dispositions avaient été prises sans art, les os n’auraient pas dû être percés de trous nombreux et rapprochés. Une fois percés on doit trouver qu’ils ont été percés inutilement par le hasard, si aucun organe ne les traverse. Quant aux parties internes de la bouche et aux parties externes de la face, il fallait qu’à certaines parties il n’arrivât absolument pas un nerf, et qu’aux autres, il s’en distribuât, non pas un, mais plusieurs ; car telles sont les œuvres du hasard. Mais que toutes les parties en reçoivent et que chacun soit de la dimension exigée par la partie, je ne sais s’il est permis à des hommes de sens, d’attribuer un tel résultat à l’œuvre du hasard. Autrement quelle chose trouverait-on faite avec prévoyance et art ? En effet, l’action du hasard serait complétement différente [de celle d’une nature prévoyante].
Ainsi d’abord, en s’en rapportant au hasard, il arriverait que chacun des nerfs serait descendu ou intérieurement par la bouche, ou en dehors des os de la face, de telle sorte qu’ils auraient été lésés infailliblement les uns par les aliments durs, et les autres par le choc des corps extérieurs. Ensuite parmi les racines des dents, les unes auraient eu des nerfs, les autres point ; les racines des dents molaires qui sont grosses en auraient eu de petites et celles des autres dents qui sont petites en auraient eu de grosses. Il faudrait encore qu’une partie des muscles masséters fût dépourvue de nerfs ; car quelle nécessité que toutes leurs fibres soient mises en mouvement ? Il faudrait enfin qu’une partie du derme reçût les ramifications des nerfs, que l’autre n’en reçût point, car il n’était pas nécessaire que tout le derme fût créé sensible. Ces dispositions et autres semblables, nous les déclarerons l’œuvre de l’art et de la raison, si les dispositions contraires sont celles du hasard. Le proverbe sur les fleuves qui remontent leur cours (voy. Parémiographes grecs, éd. de Schneidewin et Leutsch, t. I , p. 47 et 185, et note de la p. 219 ; t. II, p. 96 et 747) serait réalisé si nous jugions que les choses laides, illogiques, injustes, sont les œuvres de l’art et que les choses contraires sont les œuvres du hasard.
Pour moi, je ne dispute pas sur les noms, et s’il vous plaît