Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T1-1854.djvu/71

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
39
EXHORTATION A L'ÉTUDE DES ARTS.

De même que les murailles ébranlées par les machines de guerre tombent facilement à la première attaque, et ne peuvent soutenir ni une secousse ni quelque autre ébranlement moins considérable, de même les athlètes, dont le corps est ruiné et affaibli par les coups qu’ils reçoivent dans l’exercice de leur profession, sont prédisposés à devenir malades pour la moindre cause ; leurs yeux sont ordinairement enfoncés, et quand ces organes ne peuvent plus résister, ils deviennent le siége de fluxions ; leurs dents si souvent ébranlées tombent facilement lorsque avec le temps elles ont perdu toute solidité ; leurs articulations relâchées deviennent impuissantes à résister contre toute violence extérieure, car une partie affectée de déchirure musculeuse ou tendineuse se disloque aisément. Il est donc évident que sous le rapport de la santé il n’y a pas de condition plus misérable que celle des athlètes. Aussi pourrait-on dire avec raison que les athlètes ont été parfaitement nommés, [soit que les athlètes (ἀθληταί) aient pris leur nom des malheureux (ἀθλιοι),] soit que les malheureux aient pris leur nom des athlètes, soit que le nom des uns et des autres dérive d’une source commune, c’est-à-dire de leur condition misérable (ἀθλιότης[1]).

    che. » ― Galien a repris la même comparaison dans le traité De parva pil., 5, t. V, p. 910.

  1. Galien ne donne cette étymologie que comme un jeu d’esprit et non comme un fait grammatical ; c’est avec raison, car ἀθλητής vient de ἀθληέω (combattre, lutter pour un prix, et, quelquefois, par une dérivation un peu détournée, être accablé de maux, mala tolerare, malis exerceri) et non de ἄθλιος. Ce n’est donc point à cause des maux qu’ils souffrent, que les athlètes ont été appelés ἀθληταί, mais parce qu’ils combattaient pour un prix. C’est sans doute par une dérivation métaphorique secondaire, qu’ἄθλιος (mot surtout employé par les Attiques), venant d’ἆθλος (prix), d’où ἀθλέω, signifie malheureux, misérable. Ainsi le mot ἀθλητής n’emporte aucune idée de misère dans sa formation et sa dérivation. - Voy. du reste Etymol. magn., voc. Ἀθλησαι, p. 25, l. 36 et suiv. — Faber (Agonist., III, i) paraît admettre, au moins pour le sens d’ἀθλητής, l’étymologie de Galien. — Pour toute cette phrase, qui est évidemment altérée, j’ai suivi l’interprétation de Willet, p. 122, en ajoutant entre crochets ce qui me paraissait nécessaire pour compléter le sens.