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DE LA FACE.

plier et se replier mieux que si leur figure eût été simple et uniforme.


Chapitre xiii. — Du soin que la nature prend pour l’embellissement des parties.


Vous pouvez maintenant considérer avec quelle sollicitude la nature a pourvu à la beauté des oreilles ; car elle s’occupe par surcroît de ce soin, ne laissant sortir de ses mains aucune partie sans lui avoir donné tout son poli, son fini, son harmonie. De même, en effet, que les ouvriers habiles pour fournir, en dehors de leur travail un échantillon de leur savoir-faire, se plaisent soit sur des couvercles et des boucliers, souvent sur la poignée des glaives, soit même sur des coupes, à ajouter quelque ornement étranger à l’utilité de l’objet et emprunté à la statuaire, ils y cisèlent des feuilles de lierre, ou les tiges tortueuses de la vigne, ou quelques cyprès ; de même la nature a par surcroît embelli tous les membres, principalement ceux de l’homme. En bien des endroits, cet embellissement brille aux yeux, mais parfois il se dérobe sous l’éclat de l’utilité. Pour les oreilles, la beauté y apparaît clairement, comme aussi, je pense, à l’extrémité du membre viril, dans la peau que l’on nomme prépuce (voy. cepend. plus loin, chap. xiv et xvi), comme encore dans les chairs qui existent aux fesses (voy. XV, viii). Regardez un singe, et vous reconnaîtrez évidemment combien laide serait cette partie si elle eût été dépourvue de chairs. Dans l’œil, partie bien plus belle que toutes celles que nous venons d’énumérer, on dédaigne la beauté, parce qu’on admire grandement l’utilité de l’organe. On dédaigne aussi la beauté du nez, des lèvres et de mille autres parties, parce que la beauté de l’utilité est bien supérieure au plaisir des yeux. Toutefois, si une partie des lèvres et du nez avait été retranchée, on ne saurait dire à quel degré de laideur toute la face serait réduite. Mais toutes ces choses ont été, ainsi que je l’ai dit, créées par la nature, non par un premier calcul, mais comme additions à l’œuvre principale et comme délassements. Les choses auxquelles la nature s’applique et qu’elle considère constamment, ce sont celles qui concernent les fonctions et les utilités. Nous avons dit précédemment (I, viii et xvi) en quoi la fonction diffère de l’utilité ; nous avons dit aussi que, si par rapport à la structure et à la