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DE LA FACE.

besoin d’un extérieur grave (voy. XIV, vi) ; car nous avons démontré souvent déjà (voy. I, ii, iii, iv, xxii, et III, xvi fine), sinon dans tout l’ouvrage, que la nature a créé la figure du corps en rapport avec les habitudes de l’esprit. Mais si les femmes étant la plupart du temps renfermées dans leurs habitations, n’avaient pas besoin d’un tégument spécial et protecteur contre le froid, leur tête du moins réclamait une chevelure, à la fois comme tégument et comme parure, et il leur en a été donné une ainsi qu’aux hommes.

De plus, c’est en vue d’une autre utilité indispensable que nous avons des poils aux joues et sur la tête. En effet, comme l’exhalaison des humeurs se fait vers la tête, la nature en emploie surtout les superfluités les plus grossières à la nutrition des poils. Si donc les hommes, à proportion qu’ils ont plus de chaleur naturelle que les femmes, ont une plus grande abondance de ces superfluités, la nature a pour celles-ci imaginé une double évacuation, celle des poils de la tête et celle des poils des joues. Il suffit de ces détails sur cette matière.

Mais pourquoi le front n’a-t-il pas de poils comme la tête tout entière, et pourquoi la peau à cet endroit se meut-elle seulement par la volonté de l’animal ? C’est ce que nous allons expliquer : Le front s’ombrage aussi des poils de la tête, autant que nous voulons, il n’a donc nul besoin d’avoir lui-même des poils, et s’il en produisait nous serions, je pense, obligés de les raser constamment, attendu que le front domine les yeux. Or, nous avons démontré ailleurs et spécialement à l’égard des organes de la nutrition (IV, xvii, et xviii) que la nature a pourvu soigneusement à ce que l’homme ne dût pas s’occuper perpétuellement de son corps, ni être l’esclave éternel de ses besoins impérieux ; car il était convenable, je pense, qu’un être doué de raison et sociable s’inquiétât médiocrement de son corps, n’imitant pas ces gens qui, si quelque ami vient réclamer leur aide, prétextent d’affaires, courent se renfermer chez eux, et là, loin des regards, s’épilent, se peignent à loisir et consument toute leur vie à soigner leur corps sans nécessité, ne sachant même pas s’ils ont quelque chose de supérieur au corps. Il convient donc d’avoir pitié de ces gens, et cherchant à résoudre les questions proposées de montrer que la peau du front non-seulement est dépourvue de poils à cause des yeux, mais aussi