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DE LA FACE.

Nous disons donc que Dieu est le principe des deux choses : et du meilleur choix dans les œuvres mêmes à exécuter, et du choix relatif à la matière. En effet, comme les poils des paupières devaient à la fois se maintenir droits, et demeurer toujours égaux en grandeur et en nombre, il les a fixés sur un corps cartilagineux. Mais s’il les eût fixés sur une substance molle et charnue, il eût été plus inconséquent, non-seulement que Moïse, mais qu’un mauvais général qui dresserait un mur ou un retranchement sur un terrain marécageux. Si les poils des sourcils se maintiennent toujours dans le même état, cela résulte du choix même de la matière. De même, en effet, que, parmi les herbes et les plantes, les unes, sortant d’une terre humide et grasse, parviennent à une hauteur considérable, tandis que les autres naissant d’un terrain pierreux et aride, restent petites, dures et privées d’accroissement ; de la même façon aussi, je pense, les poils qui naissent des parties humides et molles prennent un grand accroissement, comme sur la tête, aux aisselles et aux parties génitales ; tandis que ceux qui sortent des parties dures et sèches restent grêles et petits. C’est pourquoi la production des poils, comme celle des herbes et des plantes, a une double cause : l’une est la prévoyance du Créateur, l’autre la nature du lieu où ils naissent.

On a souvent occasion de voir un champ à l’époque où le blé et l’orge poussent encore comme une herbe simple et frêle, et quelque autre terrain aussi bien fourni que le champ, mais rempli de mauvaise herbe. Dans ce dernier terrain, c’est l’humidité nourricière qui a épaissi l’herbe ; dans le champ, c’est la prévoyance du cultivateur. Pour ceux qui ne peuvent distinguer de l’autre herbe les tiges des semences récemment sorties de terre, l’alignement seul de la plantation suffit pour les reconnaître. En effet, la hauteur égale des tiges et l’enceinte extérieure tracée au cordeau indiquent de reste que c’est grâce à l’art et à la prévoyance du cultivateur que le terrain s’est couvert d’herbe. Pour celle qui croît spontanément, tout le contraire a lieu. En effet, les tiges sont inégales de hauteur, et il n’existe pas de bornes qui marquent les limites. Telle est la nature des poils qui naissent aux aisselles et sur les autres membres, des lignes précises ne les bornent pas comme ceux des sourcils, des paupières et de la tête, mais ils ont des limites inégales, étant disséminés au hasard. En effet, c’est l’humidité des