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DES MŒURS DE L'ÂME.

végétative[1]. J’approuve tout à fait Andronique le Péripatéticien[2], qui a osé, comme un homme libre, et sans obscurcir sa pensée par des circonlocutions, déclarer quelle était l’essence de l’âme, et j’accepte sa phrase. Je trouve d’ailleurs Andronique aussi libre sur beaucoup d’autres questions ; mais je le blâme d’avoir dit que l’âme était un tempérament, ou une puissance qui est une conséquence du tempérament, parce qu’il a ajouté le mot puissance[3], attendu que l’âme, étant une certaine essence, a plusieurs puissances ; cela a été très-bien dit par Aristote, et auparavant cet auteur a parfaitement expliqué la similitude de noms ; en effet, la matière, aussi bien que la forme, et toutes deux ensemble étant appelées essence[4], il a dit que l’âme était une essence, eu égard à l’espèce, ne pouvant pas désigner autre chose que le tempérament, comme cela a été démontré plus haut. Dans l’opinion des stoïciens[5], l’âme est aussi ce genre d’essence. Ils veulent, en effet,

  1. Voy. De anima, II, 4, et III, 9 et 10. — Pour Aristote il y a dans l’âme des facultés ou puissances distinctes les unes des autres, mais non des parties séparables ; l’intelligence seule est pour lui un genre d’âme particulier et impérissable (voy. De anima, I, 5, § 25, II, 2). Ici encore, Galien force la pensée d’Aristote en assimilant en quelque sorte sa doctrine des facultés de l’âme à celle de Platon, sur les trois espèces d’âmes. — Voy., du reste, la dissert. Sur la philosophie de Galien.
  2. Voy. sur Andronique de Rhodes et sur ses ouvrages, Fabricius, Bibl. græca, ed. Harles, t. III, p. 464-5 ; voy. aussi parmi les ouvages de Galien le traité apocryphe de Spermate, cap. ii, ed. des Juntes libri spurii, fol. 37 verso g. Si on en croit l’auteur de ce traité, Andronique avec Socrate, Platon, Aristote, Théodore le Platonicien et Porphyre, l’âme est incorporelle, elle ne réside pas en un lieu déterminé et elle ne peut être divisée ; ce qui implique, ce me semble, contradiction avec le dire de Galien dans le traité qui nous occupe, car il est difficile de concevoir comme immatérielle une âme qui résulte du tempérament.
  3. « Quum anima forma sit hominis, quumque forma omnis sit pars composit, compositum autem sit substantia, animam quoque substantiam esse necesse est ; neque enim ex non substanciis substancia fieri potest. Quum autem omnis potentia, sive consequatur temperamentum, sive non, illius accidens sit, cujus potentia esse dicitur (voy. note 3 de la p. 49)…, propterea reprehendendus Andronicus est propterea quod animam potentiam vocaverit. » Persona, Comm., p. 210. — Toutefois ce commentateur admet avec Galien, que l’âme rationnelle elle-même peut être ou le tempérament ou la suite du tempérament du corps.
  4. Voy. Aristote, De anima, II, 1, § 2-7.
  5. Cette doctrine est renouvelée en partie de Diogène d’Apollonie, d’Anaxi-