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DES FACULTÉS NATURELLES.

l’être ; la destruction est son contraire. Tous les mouvements ont un point commun, c’est le changement de l’état antérieur, comme les diverses formes de repos ont un point commun, le maintien de l’état primitif.

Les sophistes reconnaissent que les aliments, changés en sang, se transforment pour la vue, le goût et le toucher, mais que cette transformation soit réelle, c’est ce qu’ils nient. Quelques-uns d’entre eux croient, en effet, que toutes les choses de ce genre sont des illusions ou des erreurs de nos sens diversement affectés, la substance fondamentale n’éprouvant aucun des phénomènes par lesquels elle est dénommée. D’autres veulent que les qualités existent dans la nature même, immuables, inaltérables dans la suite des siècles, et ils prétendent que les altérations apparentes résultent de la séparation et de la concrétion même : c’est l’opinion d’Anaxagore[1]. Si je me détournais de mon sujet pour les réfuter, le hors-d’œuvre deviendrait plus considérable que l’œuvre même. S’ils ne connaissent pas les écrits d’Aristote, et après lui ceux de Chrysippe, sur l’altération de la substance tout entière, il faut les engager à lire ces écrits. S’ils les connaissent, et que néanmoins ils préfèrent volontairement une opinion déraisonnable à la bonne doctrine, assurément ils trouveront également nos idées absurdes. Nous avons démontré ailleurs qu’Hippocrate, lequel précéda Aristote, était du même avis que nous.

Hippocrate (De la nature de l’homme, § 1), le premier des médecins et des philosophes que nous connaissions, essaya de démontrer qu’il existe en tout quatre qualités agissant les unes sur les autres, par lesquelles naissent et périssent toutes les choses susceptibles de naître et de périr. Le premier encore entre tous ceux que nous connaissons, il pensa qu’un mélange absolu s’opère entre ces qualités, et c’est chez lui le premier qu’on peut trouver les germes des démonstrations développées dans la suite par Aristote.

Faut-il croire que les substances, comme les qualités, se mélangent intégralement, ainsi que, plus tard, l’a affirmé Zénon de Cittium ? C’est une question, je pense, que nous n’avons pas à examiner dans cet ouvrage. Pour le cas ctuel, j’ai besoin seule-

  1. Voy. particulièrement les Fragm. 3, 4 et 5 dans l’éd. de Schorn.