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Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T2-1856.djvu/255

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DES FACULTÉS ATTRACTIVE ET ALTÉRATRICE.



Chapitre xvi. — Violentes attaques contre Erasistrate, qui n’a pas même voulu, en traitant de la sécrétion de l’urine, prononcer le mot attraction, de peur de passer pour avoir partagé une opinion d’Hippocrate. — Erasistrate est aussi lâche en gardant le silence qu’Asclépiade est menteur impudent en niant l’évidence.


Érasistrate, qui a longuement réfuté certaines opinions stupides, a, je ne sais pourquoi, entièrement négligé celle d’Hippocrate relative à la sécrétion de l’urine, ne daignant seulement pas la mentionner, comme il l’a cependant fait en traitant de la déglutition. Du reste dans ce livre il se borne à prononcer le mot attraction, lorsqu’il écrit cette phrase « Il n’existe, ce semble, aucune attraction de la part de l’estomac. » Mais, en parlant de la distribution de l’aliment, il ne rappelle même pas par une syllabe l’opinion d’Hippocrate.

Cependant il nous eût suffi qu’Erasistrate eût écrit : « Hippocrate (Épid. VI, vi, 1) se trompe en disant : Les chairs attirent de l’intérieur de l’estomac et du dehors ; car elles ne pourraient pas attirer de l’estomac ni du dehors. » Ou si Érasistrate avait encore écrit qu’Hippocrate avait eu tort de dire, en accusant de faiblesse le col de l’utérus : « Son orifice ne peut attirer le sperme. » Si enfin Érasistrate eût daigné écrire quelque autre proposition analogue, alors nous, pour prendre la défensive, nous lui aurions dit : Illustre champion, n’imitez pas un rhéteur qui attaque sans prouver ; avancez quelque accusation contre le dogme, afin que nous vous convainquions que vous réfutez mal l’ancienne croyance, ou que nous vous fassions changer nous-même d’opinion, si vous êtes inexactement informé. Mais que parlé-je de rhéteur ? Quand on voit des rhéteurs tourner surtout en dérision les arguments qu’ils ne peuvent détruire, sans chercher même à les réfuter, jugerons-nous que c’est là le devoir d’un rhéteur ? Ce devoir consiste à donner des raisons vraisemblables. Mais parler sans raisons vraisemblables, c’est le fait d’un bouffon, non d’un rhéteur. Ainsi donc la rhétorique et la logique sont étrangères à la réfutation que donne Érasistrate dans son ouvrage Sur la déglutition. Que dit-il en effet ? « Il n’existe, ce semble, aucune attraction de la part de l’estomac. » Répondons-lui avec la même forme d’argumentation. « Il n’existe, ce semble, aucune contraction de