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DES FACULTÉS ATTRACTIVE ET ALTÉRATRICE.

soit à peine plus habile qu’un cuisinier en fait de dissection. S’il connaît ces organes sans signaler leur utilité, c’est qu’évidemment il croit que, comme la rate, ils ont été créés inutilement.

Mais pourquoi discourir touchant des matières qui font partie du traité spécial que je dois écrire Sur l’utilité des parties ? Reprenons donc notre raisonnement, et après quelques mots encore au sujet des disciples d’Érasistrate, poursuivons notre sujet. Selon moi, ils semblent ne pas avoir lu les écrits d’Aristote ; ils ont entendu dire que ce philosophe est profondément versé dans l’étude de la nature, que les stoïciens marchent sur ses traces dans cette étude ; puis ayant découvert qu’une de ses opinions très-répandues lui est commune avec Érasistrate, ils ont imaginé un commerce d’Érasistrate avec les péripatéticiens. Mais pour prouver qu’Érasistrate ne partage aucunement les doctrines d’Aristote, il suffit de donner la liste de ses dogmes, dogmes proclamés par Hippocrate d’abord, puis par Aristote, en troisième lieu par les stoïciens avec une seule modification, c’est que pour eux les qualités sont des corps. Peut-être croient-ils qu’Érasistrate a beaucoup pratiqué les philosophes péripatéticiens pour apprendre la logique ; ils ne savent pas que ceux-ci n’ont jamais avancé de raisonnements erronés et dénués de conclusion, tandis que les écrits d’Érasistrate en sont remplis. On s’étonnerait donc et on s’expliquerait avec peine dans quelle intention Érasistrate s’est tellement écarté des dogmes d’Hippocrate, et pourquoi, enlevant aux conduits cholédoques du foie la faculté attractive (les reins nous ont déjà assez occupé — voy. I, xiii et suiv.), il invoque la situation favorable, l’étroitesse des conduits et un certain affluent où les veines charrient des portes du foie le sang impur, où les premiers conduits reçoivent la bile, tandis que les veines issues de la veine cave emportent le sang pur. S’il eût mentionné l’attraction, outre qu’il n’en résultait aucun inconvénient, il se fût délivré de mille autres sujets d’embarras.


Chapitre v. — Discussion d’un passage obscur d’Érasistrate sur la sécrétion de la bile.


Dans l’état actuel des choses, les disciples d’Érasistrate soutiennent une lutte assez vive, non pas seulement contre autrui, mais encore entre eux-mêmes ; ils ne peuvent s’entendre sur le sens de