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DES FACULTÉS NATURELLES, II, viii.

que l’hydropisie ne provient pas d’un vice de la rate, ni de quelque autre partie, mais qu’elle est toujours produite par un squirrhe du foie, n’est-elle pas d’un homme peu réfléchi et insoucieux des faits journaliers (cf. Lieux affectés, VI, i) ? Nous avons déjà vu, non pas une fois, ni deux fois, mais très-souvent, des hydropisies résulter d’hémorrhoïdes chroniques supprimées ou d’un flux de sang qui, par un écoulement excessif, a amené l’homme au dernier degré de refroidissement. C’est ainsi encore que, chez les femmes, la cessation absolue du flux menstruel, ou qu’un écoulement excessif, causé par une hémorrhagie violente des matrices, ont provoqué l’hydropisie ; comme aussi, chez certaines femmes, le flux qui leur est particulier aboutit à cette affection. Ne parlons pas des hydropisies qui se produisent dans les flancs ou dans quelque autre partie favorable à leur production, et qui elles aussi démontrent nettement l’erreur de l’hypothèse d’Érasistrate, mais moins clairement que les hydropisies qui résultent d’un violent refroidissement de toute l’habitude du corps ; car c’est là la première cause de la naissance des hydropisies qui proviennent d’un vice de la sanguification, absolument comme la diarrhée résulte de la mauvaise coction des aliments. Avec de semblables hydropisies, on ne trouve cependant de squirrhe ni dans le foie, ni dans aucune autre partie. Mais le savant Érasistrate, plein de mépris et de dédain pour des questions que n’ont méprisées ni Hippocrate, ni Dioclès, ni Praxagore, ni Philistion, ni même aucun des philosophes les plus estimés, Platon, Aristote, Théophraste, passe sous silence des fonctions entières, les négligeant comme un sujet mesquin et sans intérêt pour l’art, et ne daignant pas discuter l’opinion de tous ces hommes illustres, qui prétendent que le chaud, le froid, le sec et l’humide ; par leur action exercée ou subie, régissent les parties du corps de tous les animaux, et que parmi eux le chaud est l’agent le plus influent sur les autres fonctions et principalement sur la production des humeurs. Ne lui en voulons pas de ne pas céder à l’autorité de tant d’hommes célèbres et de s’imaginer qu’il en sait davantage ; mais qu’il ne daigne pas réfuter ni même mentionner un dogme aussi fameux, cela montre un orgueil singulier.

Au reste, bien qu’Érasistrate se montre excessivement faible et médiocre dans toutes ses réfutations, il attaque à grand bruit, dans