Aller au contenu

Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T2-1856.djvu/286

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
274
DES FACULTÉS NATURELLES, II, viii.

lésions premières de ces fonctions. Ainsi donc, que pour Érasistrate lui-même le juste tempérament du chaud soit la cause des actions, cela, je pense, est suffisamment démontré aux yeux de ceux qui savent déduire les conséquences. Ce principe posé, il n’y a plus aucune difficulté à dire que pour chaque fonction le meilleur état résulte d’un juste tempérament, et le pire état d’un mauvais tempérament. Conséquemment, s’il en est ainsi, il faut croire que le sang est le produit de la chaleur modérée, et la bile jaune celui de la chaleur en excès. C’est ainsi encore que les âges chauds, les pays chauds, les saisons chaudes de l’année, les constitutions saisonnières chaudes et encore les tempéraments chauds des individus, les régimes chauds, les habitudes et les maladies chaudes ; c’est ainsi que tout cela nous paraît avec raison engendrer plus de bile.

Pour douter si c’est dans le corps que cette humeur prend naissance ou si elle est renfermée dans les aliments, il faut n’avoir pas remarqué que même chez les personnes qui jouissent d’une santé parfaite, s’il leur arrive, forcées par quelque circonstance, de ne pas prendre leur repas habituel, la bouche devient amère, les urines bilieuses, l’estomac irrité ; il faut, pour ainsi dire, ne faire que d’arriver dans ce monde et ne pas avoir vu encore ce qui s’y passe. Qui ne sait qu’une chose trop cuite devient d’abord plus salée et ensuite plus amère ? Le miel lui-même, le plus doux de tous les aliments, si vous le faites cuire beaucoup, vous le rendez très-amer. En effet, le miel tient de la nature une qualité que la cuisson communique aux autres aliments qui ne sont pas chauds naturellement. C’est pour cela qu’en cuisant il ne devient pas plus doux ; car, tout ce qu’il lui fallait de chaleur pour devenir doux existe précisément, dès l’origine, au dedans de lui-même. Ainsi la chaleur externe, utile aux aliments chez qui elle fait [naturellement] défaut, devient pour le miel préjudiciable et excessive. C’est pour cela que la cuisson le rend amer plus vite que les autres substances. C’est pour cela encore que chez les individus naturellement chauds et dans l’âge viril, le miel est prompt à se transformer en bile. Chaud lui-même et introduit dans un corps chaud, il arrive rapidement à un tempérament excessif et ne tarde pas à devenir de la bile et non du sang. Il faut donc dans l’homme un tempérament froid et un âge froid pour