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DES FACULTÉS NATURELLES, III, i-ii.
LIVRE TROISIÈME.


Chapitre premier. — Récapitulation du livre précédent. — Nécessité d’une faculté rétentive.


Nous avons démontré dans le livre précédent (chap. x ; — cf. I, x, xi) que la nutrition résulte de l’altération et de l’assimilation de l’aliment à l’être nourri, et que, dans chacune des parties de l’animal, il existe une faculté, qui, en raison de son action, est appelée en général altératrice, et, dans l’espèce, assimilatrice et nutritive. Il a été aussi démontré que la quantité suffisante de matière, dont la partie nourrie tire facilement sa nourriture, lui est fournie par une autre faculté destinée à attirer l’humeur convenable, et que l’humeur convenable pour chaque partie est celle qui s’approprie le mieux à l’assimilation, enfin que la faculté qui l’attire est appelée , en raison de son action , faculté attractive ou épispastique. Il a été démontré encore que l’assimilation (ὀμοιώσις) est précédée de l’agglutination (πρόσφυσις) qui est précédée elle-même de l’application (πρόσθεσις), laquelle est le but pour ainsi dire de l’action exercée par la faculté épispastique. Le transport même de la nourriture des veines dans chacune des parties résulte de la faculté attractive en activité. Ce transport et cette application sur la partie est le but même en vue duquel nous avions besoin d’une semblable faculté. En effet, l’attraction n’existe qu’en vue de l’application. En raison de cette opération, la nutrition de l’animal exige un temps plus considérable. L’attraction, en effet, s’exécute très-rapidement ; mais l’agglutination, l’altération et finalement l’assimilation, qui fait de l’aliment une partie de l’être nourri, ne peuvent s’opérer en un instant, il leur faut pour cela un temps plus considérable. Mais si l’humeur appliquée, au lieu de demeurer dans la partie passait dans une autre, s’écoulait continuellement, changeant sans cesse de place, il n’y aurait dans ce cas ni agglutination, ni assimilation. La nature a donc besoin ici encore d’une autre faculté pour le séjour durable de l’humeur appliquée sur la partie, faculté qui ne doit pas émaner du dehors, mais être fixée dans la partie elle-même où doit s’accomplir la nutrition, et qui, vu son action, a été forcément nommée faculté rétentive par nos prédécesseurs. Ce raison-