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DES FACULTÉS RÉTENTIVE ET EXPULSIVE.

niques de l’estomac, la tunique interne tirant et la tunique externe se contractant et poussant en avant ; quand on vomit, au contraire, la tunique externe agit seule, aucune n’attirant dans la bouche. En effet, il n’en est pas ici comme dans l’estomac, où l’appétence précède la déglutition des aliments ; dans le vomissement, aucune des parties, de la bouche ne désire l’effet qui se produit ; il y a opposition dans les deux états de l’estomac qui, dans un cas, désire et accueille les choses utiles et propres, et dans l’autre, rejette avec répugnance les choses contraires. Aussi, chez ceux qui désirent avidement les aliments propres à l’estomac, la déglutition s’opère très-rapidement : ces aliments sont manifestement attirés et entraînés avant qu’ils soient mâchés. Chez ceux qui boivent par nécessité une potion ou qui prennent quelque aliment en guise de médicament, la déglutition est pénible, lente et s’opère difficilement.

Évidemment donc, d’après ce que nous avons dit, la tunique interne de l’estomac pourvue de fibres droites est créée pour attirer de la bouche dans l’estomac, et en conséquence agit dans la déglutition seulement. La tunique externe qui a les fibres transverses est créée telle pour se contracter sur le contenu et le pousser en avant, et n’agit pas moins dans le vomissement que dans la déglutition. Un fait qu’on observe chez les serrans (espèce de perches de mer) et les dentés, prouve la vérité de cette assertion. Parfois, en effet, chez ces animaux on trouve l’estomac dans la bouche, comme Aristote l’a écrit dans son Histoire des animaux (VIII, ii), et il en donne la cause en disant que cela est produit par leur voracité. Les choses se passent ainsi : chez tous les animaux l’estomac remonte par l’effet d’un appétit violent, et des gens éprouvant une sensation bien nette de ce mouvement, disent que l’estomac leur remonte à la gorge ; d’autres prétendent que malgré eux l’estomac entraîne positivement les aliments qu’ils sont occupés à mâcher et qui n’ont pas encore été convenablement broyés dans la bouche. Donc chez les animaux naturellement voraces, lorsque la dimension de la bouche est énorme et que l’estomac est tout proche, par exemple chez les dentés et le serran, il n’est pas étonnant qu’au moment où, pressés par une faim violente, ils poursuivent quelques animaux plus petits qu’eux et sont sur le point de les saisir, l’estomac,