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DES MUSCLES, DES TENDONS ET DES NERFS.

de la moelle ; ni artères ni veines n’y forment de plexus ; elle ne ressemble donc en rien à l’encéphale et à la moelle ; elle n’a aucune relation avec les muscles.

Tous les muscles ont des relations assez importantes avec le cerveau et la moelle épinière, car ils ont besoin de recevoir du cerveau ou de la moelle épinière un nerf qui est petit à la vue, mais dont la force est loin d’être petite. Vous reconnaîtrez ce fait aux lésions de ce nerf. En effet, l’incision, la compression, la contusion, la ligature, le squirrhe ou la pourriture du nerf enlève au muscle tout mouvement et tout sentiment. En outre, chez un assez grand nombre de malades, l’inflammation d’un nerf a amené des convulsions ou le délire ; quelques-unes des personnes qui se trouvaient dans cet état, ayant été assez heureuses pour rencontrer un médecin bien avisé qui coupât le nerf, furent immédiatement délivrées des convulsions et du délire ; mais à compter de ce moment, le muscle auquel ce nerf s’insérait fut chez eux insensible et incapable de servir aux mouvements. Il existe donc dans les nerfs une force considérable qui découle d’en haut, du grand principe, car cette puissance n’est pas innée en eux et ne leur vient pas d’eux-mêmes. Vous le reconnaîtrez surtout au fait suivant : si vous coupez tel de ces nerfs qu’il vous plaira, ou bien la moelle épinière, toute la partie située au-dessus de l’incision et qui reste en rapport avec le cerveau conservera encore les forces qui viennent de ce principe, tandis que toute la partie qui est au-dessous ne pourra plus communiquer ni sentiment ni mouvement à aucun organe.

Les nerfs, qui jouent par conséquent le rôle de conduits, apportent aux muscles les forces qu’ils tirent du cerveau comme d’une source ; dès l’instant qu’ils entrent en contact avec eux, ils se divisent d’une manière très-variée à l’aide de plusieurs bifurcations successives, et s’étant résolus à la fin entièrement en fibres membraneuses et ténues, ces bifurcations forment un réseau pour le corps du muscle. Les ligaments, au contraire, qui servent à relier et à unir les muscles aux os, donnent naissance aux membranes qui les environnent, et font pénétrer certaines cloisons intérieures dans la chair même des muscles, chair que vous devez vous représenter comme un lieu arrosé par plusieurs canaux, d’abord par celui dont nous venons de parler, c’est-à-dire par le