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DU MOUVEMENT DES MUSCLES, I, viii.

ble et où la conciliation est difficile. Si, aimant les questions douteuses, nous arguions du pour et du contre, nous agirions mal ; mais comme nous ne sommes pas de ces gens qui, pour empêcher les découvertes, lancent des doutes en avant, mais de ceux qui, pour vérifier l’exactitude d’une découverte, font des recherches en tous sens, nous devons, sans rien craindre, mettre hardiment en évidence tout argument contradictoire.

Parce que les muscles sont actifs, nous disons qu’ils se meuvent ; parce qu’ils ne meuvent pas tout le membre dont ils sont une partie, et qu’ils ne paraissent pas se mouvoir eux-mêmes en particulier, nous n’osons pas affirmer qu’ils se meuvent. Quelle solution trouvera-t-on de la difficulté ? Choisirons-nous celle qui suppose des mouvements appelés tenseurs (τονικαὶ κινήσεις) ou quelque autre préférable, ou bien éviterons-nous de nous décider témérairement sur ce sujet avant d’avoir examiné attentivement les diverses assertions ? Ce parti me semble de beaucoup préférable.


Chapitre viii. — Jusqu’à quel point le mouvement des muscles dépend de leur propre contractilité, et jusqu’à quel point de la volonté. Exemples et expériences à l’appui.


Agissons donc de cette façon et d’abord suivons la marche du discours qui nous est indiquée par ceux qui admettent des mouvements tenseurs. Supposons un corps inanimé, par exemple un morceau de bois ou une pierre tirée par une force, et supposons d’autre part ce même corps tiré en sens inverse par une autre force ; imaginons cependant que la première tire plus vigoureusement et que le corps conséquemment suit cette direction, mais beaucoup moins que si rien ne le tirait dans le sens opposé. Établissons ce corps dans une troisième situation où il est tendu en sens inverse avec une force égale. Ainsi, dans le premier état, il était mû par un seul mouvement égal en puissance à la force du moteur, et il était forcé d’avancer d’une distance égale à l’impulsion que pouvait lui communiquer le moteur. Le second état indique que l’espace actuellement parcouru est moindre que l’espace parcouru dans le premier cas, suivant la proportion d’après laquelle le second moteur a tiré en sens inverse l’objet mis en mouvement. Dans le troisième état, comme autant l’un des mouvements tirait le corps en avant, autant l’autre le tirait en arrière,