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Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T2-1856.djvu/373

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DES MOUVEMENTS PENDANT LE SOMMEIL.

énumérés étant à l’état de repos. C’est ainsi que, chez les mourants, la mâchoire pend d’elle-même, et cela est rationnel ; chez les mourants, en effet, tous les muscles sont privés de leur activité. Il est donc évident que, quand on dort sans ouvrir la bouche, l’activité des muscles releveurs de la mâchoire est maintenue. Bien des gens dorment les bras et les jambes exactement étendus ou fléchis, conservant en eux l’activité tonique.

Mais j’entre peut-être dans trop de détails, puisque je pouvais citer des exemples plus à portée. Niera-t-on qu’il ne dépend pas de nous de veiller au moyen des muscles sur les écoulements des superfluités. En effet, aux extrémités de leurs conduits sont préposés, comme des gardiens aux portes, certains muscles vigoureux qui ne laissent rien sortir avant que la volonté l’ait enjoint. Et ces muscles, nous les voyons même dans le sommeil remplir leur fonction d’une manière irréprochable. Le flux involontaire des superfluités résulte ou d’une paralysie de ces muscles, ou d’un vice de la raison comme dans la folie aiguë, ou de l’appesantissement de la raison et des muscles comme dans l’ivresse ; car il faut que la raison n’exerce pas son empire ou que les muscles ne puissent agir, ou que les deux soient lésés à la fois. Il y a donc de la témérité à prétendre que, dans le sommeil, l’âme repose, à moins que, par repos, on n’entende non pas une tranquillité complète, mais une cessation de la tension. Si c’est là ce qu’on veut dire, on a raison et nous approuvons l’explication. En effet, les gens endormis ne sont pas entièrement privés de sensation, mais ils sentent difficilement. Autrement, pourquoi entendent-ils la voix qui les appelle, se lèvent-ils quand on apporte de la lumière et sentent-ils quand on les touche ? Si vous me citez l’ivrogne qui ignore en quel lieu il peut être, l’apathique dormant plus profondément qu’Épiménide[1], je vous répondrai : Ces gens même, avant de s’endormir, touchaient à l’insensibilité, et vous feriez mieux de confier la surveillance d’un objet quelconque à un homme actif, fût-il endormi, qu’à de pareils individus éveillés. Et cependant ceux-ci même conservent un grand nombre des actes psychiques.

  1. La légende rapporte qu’Épiménide vécut trois cents ans dans une caverne et qu’il y dormit cinquante ans sans se réveiller.