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DES MOUVEMENTS PENDANT LE SOMMEIL.

l’ivresse, la folie, la peur, et généralement dans les fortes affections de l’âme, on ne se rappelle plus tard rien de ce qu’on a fait quand on était dans ces états. Qu’y a-t-il donc d’étonnant si, dans le sommeil, l’âme agissant d’une façon obscure, les perceptions aussi sont obscures et par conséquent ne persistent pas ? Qu’y a-t-il d’étonnant, si dans l’état de veille même où l’esprit est occupé d’une méditation et tout entier, peu s’en faut, absorbé dans ses réflexions, une partie excessivement petite de cet esprit, s’occupant de la marche, reçoit une impression obscure de l’action, et en conséquence l’oubliant immédiatement, ne se souvient même plus si l’acte a été fait volontairement. En effet, de même que si nous ne gardions absolument aucun souvenir, nous ne serions capables de réfléchir sur aucun des faits passés, de même pour les actes dont nous ne gardons pas mémoire, nous ignorons quelle en était la nature ; car il faut les conserver d’abord dans sa mémoire, afin de réfléchir ensuite sur leur nature. Il ne me paraît donc aucunement étonnant que la volonté agissant sur la respiration pendant le sommeil, nous ne puissions dire, une fois éveillés, si nous respirons volontairement. Cela ressemble à ce qui a lieu chez celui qui remue les pieds et les bras et prononce des paroles dans son sommeil, et qui, l’ayant ensuite oublié, prétend que le mouvement des membres et la voix se produisent sans la volonté. Ceux qui délirent parlent aussi, marchent et exécutent tous les mouvements volontaires ; mais, quand leur accès est passé, ils ne se souviennent plus de ce qu’ils ont fait.

J’ai connu quelqu’un qui, pendant huit jours, extravagua de la façon suivante : il s’imaginait être non pas à Rome, mais à Athènes ; il appelait continuellement son esclave ordinaire et lui ordonnait d’apporter tout ce qu’il faut pour le gymnase, puis au bout d’un instant : — « Holà ! disait-il, il faut me conduire au Ptoléméum (cf. Pausanias, I, xvii, 2), je veux m’y baigner longtemps. » — Parfois même, entre deux questions, il s’élançait, et, couvert de ses vêtements, il se dirigeait droit vers la porte du vestibule. Les esclaves le retenant à l’intérieur et l’empêchant de sortir : — « Pourquoi m’arrêtez-vous, » leur demandait-il ? — Ceux-ci (car il n’y avait rien d’autre à dire que la vérité même) lui répliquaient qu’il avait eu la fièvre et qu’il l’avait encore. À ces observations, notre homme répondait avec beaucoup de con-