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DES LIEUX AFFECTÉS, I, vi.

glotte est privée de sa relation de continuité avec le principe moteur ; cela arrive, que ce soit les muscles ou les nerfs qu’on ait coupés ou liés, écrasés ou endommagés d’une autre façon quelconque. J’ai vu un cas où la réfrigération excessive des nerfs récurrents, résultant d’une opération du cou pendant l’hiver, lésa tellement la voix, qu’elle fut presque perdue. Ayant compris cela, je rétablis la voix par des médicaments chauds, en rendant aux nerfs leur tempérament naturel.

Si, dans les perforations du thorax, la voix se perd par défaut de matière, il en est de même quand vous coupez la trachée-artère tout entière. En effet, l’air n’arrive plus à l’organe propre de la voix. Un lien passé autour du cou produit un résultat identique, mais d’une façon différente. Ce lien ne rend plus seulement l’animal aphone, il l’étouffe en le privant de la respiration. La section de la trachée-artère trouble la voix, mais ne prive pas l’animal de la respiration. Les affections dites cynanches, et qui sont des inflammations des parties internes du larynx, privent de la respiration, comme la strangulation, en obstruant son canal. Aussi la cynanche est-elle essentiellement une affection propre à l’organe de la voix ; et en second lieu vient la lésion des muscles externes de cet organe[1]. Pour toutes les autres affections de la voix que nous avons mentionnées, ce ne sont pas des affections propres, mais plutôt des affections sympathiques.

Un médecin ayant à enlever des goîtres profonds du cou et craignant de trancher un vaisseau, n’employa pas le couteau pour couper les membranes[2], mais les divisa avec son ongle. Dans son ignorance il ne s’aperçut pas qu’il avait déchiré les nerfs récurrents, en sorte qu’il guérit bien l’enfant de ses tumeurs, mais le rendit muet. Un autre médecin faisant aussi une opération sur un enfant, le rendit également à moitié muet, un seul des deux nerfs étant lésé. Tout le monde trouvait étrange que ni le larynx ni la trachée n’étant affectés, la voix se trouvât lésée. Quand je leur eus montre les nerfs phonétiques, leur étonnement cessa.

  1. Ainsi la cynanche est une affection idiopathique, tandis que celle des muscles externes est un intermédiaire entre les affections idiopathiques et les sympathiques.
  2. μήλῃ dans les éditions, σμίλῃ dans le manuscrit.