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LÉSION DES FONCTIONS SANS LÉSION DES PARTIES.

en effet, il est tout à fait impossible que le sentiment étant aboli, les parties soient encore mues volontairement. On me demanda l’explication des deux phénomènes. Elle est claire pour ceux qui connaissent l’anatomie des nerfs. La voici : tout mouvement volontaire est exécuté par des muscles. En effet, il n’est aucun nerf qui par lui-même, et sans un muscle, exécute une semblable fonction dans les parties de l’animal ; mais c’est par l’intermédiaire des muscles qu’il accomplit tous les mouvements dits volontaires. Les muscles eux-mêmes arrivent aux parties qui doivent être mues parfois directement, parfois par l’intermédiaire de tendons nommés par quelques-uns aponévroses. À cette espèce appartiennent aussi les tendons qui meuvent les doigts, arrondis comme sont ceux qu’Hippocrate a appelés τόνοι (voy. Articul., § 50 et 59 et Épid. II, iv, 2). Si donc les nerfs des muscles sont affectés, les doigts perdent le mouvement ; si ce sont les nerfs qui arrivent au derme le sens du toucher est altéré. Dans les paralysies des membres entiers, le principe commun étant affecté, mouvement et sentiment sont également abolis. On ne peut découvrir le lieu primitivement affecté à cause de la multitude des nerfs lésés, que si on connaît exactement leurs principes communs que j’ai décrits dans l’Anatomie des nerfs, personne avant moi n’ayant exposé nettement cette anatomie, mais tous ayant commis des erreurs plus ou moins grandes. Ainsi donc celui-là seul qui est versé dans cette connaissance, peut exactement juger à quelle vertèbre la moelle est affectée ; si elle l’est tout entière ou dans un de ses côtés. En effet, il arrive que l’affection existe seulement dans sa partie droite, l’autre partie n’en éprouvant aucune. Ou bien au contraire, celle-ci est restée exempte de l’affection qui a seulement attaqué la partie gauche. Dans ce dernier cas, toutes les parties du côté gauche du corps sont paralysées, celles du côté droit demeurant exemptes d’affection. Parfois, au contraire, ce sont seulement les parties droites qui sont affectées et paralysées. Quand l’affection occupe, non pas la moelle elle-même, mais une seule racine d’un nerf, il en résulte une paralysie des parties où le nerf se distribue. Parfois il arrive que deux ou trois seulement des cordons nerveux sont affectés, la moelle étant exempte de lésion. Telle était l’affection de celui qui avait toutes les autres parties du bras paralysées au point de ne plus sentir ni se mouvoir