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Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T2-1856.djvu/538

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DES LIEUX AFFECTÉS, II, ix.

sont accompagnées de plus de tension que les autres. Du reste il avoue, d’après l’observation, qu’elles ne sont pas très-étendues, parce que les parties charnues des muscles sont circonscrites en des espaces resserrés [par les intersections aponévrotiques]. Quant à ce qu’il dit ensuite, que « le toucher semble flotter sur une surface hérissée d’aspérités, » il faut examiner si cela peut s’appliquer aux douleurs des chairs. Que quelque chose de semblable s’observe, en effet, quelquefois dans les douleurs de ces parties molles, cela est incontestable ; mais comme ce phénomène n’est pas constant, il est probable qu’il faut l’attribuer le plus souvent à une diathèse accidentelle de ces parties, plutôt qu’à leur nature même. Toutefois, il ne faut pas croire que cette diathèse est un état inflammatoire simple, mais supposer qu’elle est accompagnée d’une humeur dont la nature est de produire des aspérités.

Archigène dit ensuite, en parlant des muscles, « qu’ils offrent dans leurs propriétés un mélange de celles de la chair et de celles des nerfs, » comme si dans leur structure propre ils étaient un composé de la substance de ces parties. Il dit encore qu’ils ont des artères ; il aurait dû ajouter qu’ils ont des veines et des membranes. Quant au mot turgescents (σφριγῶντες), les Grecs ne rappliquent qu’aux personnes dont la santé s’accompagne d’une plénitude (pléthore) considérable. Voilà pourquoi on l’applique seulement aux jeunes gens, et nullement aux vieillards, dont le corps n’est pas susceptible de la plénitude liée à la santé parfaite. Quel est le sens qu’Archigène donne à cette expression ? Il n’est pas facile de le savoir, d’autant qu’il lui arrive souvent de confondre les mots grecs et d’en altérer la signification. On pourrait supposer qu’il applique le mot turgescent aux corps distendus par la plénitude ; mais, dans ce cas, ce mot s’appliquerait indistinctement à toutes les parties qu’affecte la plénitude, et non pas seulement aux muscles. En disant « que les muscles s’étendent dans une certaine latitude, je pense qu’il a voulu distinguer cette plénitude de celle des nerfs. »

Nous avons déjà démontré qu’il a eu tort de dire « des pulsations avec engourdissement. » Il dit des autres douleurs : « L’ulcéreuse (celle qui donne la sensation d’une plaie récente) est légèrement aigre. » Cette façon de parler est obscure, et ne peut par elle-même rien apprendre : semblable en cela à toutes celles qui sont