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DES AFFECTIONS DU SYSTÈME NERVEUX.

paraît évidemment très-épaisse, ainsi qu’est la lie du vin, l’autre beaucoup plus ténue, paraît acide à ceux qui la vomissent et la sentent. Celle-ci encore mordille la terre, se gonfle, fermente, fait naître des bulles semblables à celles qui s’élèvent sur les potages en ébullition. Celle qui, ai-je dit, ressemble à une lie épaisse ne produit pas de bouillonnement, quand on la verse à terre, à moins qu’elle n’ait été excessivement cuite pendant une fièvre brûlante, et elle ne tient en rien de la qualité acide ; aussi je l’appelle habituellement humeur ou sang atrabilaire, car je ne puis encore appeler bile noire une semblable humeur. Cette humeur naît abondamment chez certaines personnes, soit par l’effet d’un tempérament naturel, soit par l’habitude d’aliments qui, par la coction dans les veines, se transforment en une semblable humeur. Comme l’humeur épaisse du phlegme, cette humeur épaisse atrabilaire produit parfois des épilepsies quand elle est retenue dans les canaux de sortie des ventricules de l’encéphale, le moyen ou le postérieur. Quand elle est en excès dans le corps même de l’encéphale, elle engendre la mélancholie, de même que l’autre humeur de la bile noire produite par la combustion de la bile jaune provoque les délires farouches sans fièvre ou avec fièvre, par son abondance dans le corps de l’encéphale. C’est pourquoi la phrénitis engendrée par la bile pâle est plus douce ; elle est plus forte quand elle dérive de la bile jaune. Il existe un autre délire farouche et mélancholique provenant de la bile jaune brûlée. Les délires qui naissent dans le paroxysme des fièvres ont pour principe une affection sympathique, et non pas idiopathique, de l’encéphale. Aussi est-il dit des malades qu’ils extravaguent, qu’ils délirent, qu’ils sont fous, non-seulement par les médecins, mais encore par les particuliers ; on ne les désigne pas comme phrénétiques, car les délires phrénétiques ne s’apaisent pas en même temps que le paroxysme de la fièvre. Ainsi, de même que la fièvre est dans les phrénitis un des symptômes de la diathèse de l’encéphale, de même le délire est un symptôme dans les fièvres brûlantes, beaucoup de vapeurs chaudes montant à l’encéphale. Les symptômes semblables à ceux des suffusions (cataractes) résultant des diathèses de l’estomac, se produisent d’une manière analogue (voy. I, 1, fine). En effet l’estomac transmet ses affections à la tête et celle-ci transmet les siennes à l’estomac, à cause de la gran-