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Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T2-1856.djvu/584

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DES LIEUX AFFECTÉS, III, xi.

drée dans la partie affectée ait une faculté énergique analogue à celle des venins chez les animaux malfaisants. Qui croirait, en effet, si nous n’avions été souvent témoins du fait, qu’un aiguillon enfoncé par un scorpion ou la morsure des phalanges (espèce d’araignées), animaux si petits, causerait dans le corps entier une altération grave et extraordinaire, bien que l’animal n’ait introduit dans le corps qu’une substance si peu abondante ? Ainsi, à propos de la morsure d’une phalange, quoique l’animal soit petit, nous pouvons supposer que le venin sorti de sa bouche a pénétré dans le corps mordu. L’aiguillon de la pastenaque marine (espèce de raie), comme celui du scorpion de terre, se termine manifestement en une pointe très-aiguë, mais privée d’ouverture par laquelle elle lancerait le venin. Cependant nous devons supposer qu’il existe une substance soit vaporeuse, soit humide, qui, sous le plus petit volume, possède une faculté très-puissante. Dernièrement un individu, piqué par un scorpion, disait qu’il se sentait comme frappé par la grêle ; il était complètement glacé, couvert d’une sueur froide ; il fut traité et sauvé à grand’peine. Pélops disait donc qu’il n’est pas impossible qu’une semblable substance soit engendrée dans le corps sans cause extérieure, et que venant à se former dans une partie nerveuse, elle fasse remonter par continuité sa faculté jusqu’au principe des nerfs, soit qu’une altération se produise ainsi que je le disais, soit qu’une substance vaporeuse comme un souffle se porte dans une région supérieure. En effet, lorsque le scorpion enfonce son aiguillon dans un nerf, une artère ou une veine, les individus ainsi atteints, on le voit manifestement, sont souvent pris des symptômes les plus graves (voy. VI, v, med.).

Il est possible que l’aiguillon du scorpion, ayant traversé tout le derme, pénètre profondément dans le corps ; mais la morsure des petites phalanges entame seulement la surface du derme, ce qui démontre que par le derme seul parfois la puissance du venin se répand dans le corps entier. En effet, tout le derme est continu et nerveux. Il n’est donc aucunement impossible que la puissance du venin dardé se propage rapidement dans le derme tout entier, que du derme elle passe par contact dans chacune des parties sous-jacentes, puis de celles-ci dans d’autres parties contiguës, puis encore de ces dernières parties affectées dans d’autres, et qu’en-