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DES LIEUX AFFECTÉS, IV, xi.

épaisse remonte difficilement, ayant de la peine à se détacher des corps sur lesquels elle est appliquée et ne pouvant être enlevée par la violence momentanée du pneuma. En effet, si le pneuma rendu avec la toux n’est pas abondant et véhément, il ne peut rien entraîner avec lui. Ce qui n’est donc ni trop humide ou aqueux, ni trop épais ou visqueux remonte aisément, surtout lorsque l’individu est doué d’une force efficace. En effet, sans une vigoureuse contraction du thorax, il n’est pas possible de cracher vigoureusement. Or, sans une forte toux, il est impossible aux humeurs épaisses et visqueuses de remonter. Lorsqu’à la dyspnée avec rétrécissement et pesanteur s’ajoute une fièvre aiguë, l’affection est une inflammation du poumon. Si la phlogose est intolérable, et que le sentiment de pesanteur et de rétrécissement soit moins prononcé, le viscère souffre d’un érysipèle. Les affections extrêmes étant définies, il n’y a plus aucune difficulté à reconnaître un érysipèle phlegmoneux ou un phlegmon érysipélateux.

Il survient au poumon d’autres affections sans écoulement d’humeurs par suite d’une dyscrasie inégale ou uniforme. La dyscrasie inégale engendre la toux ; la dyscrasie uniforme, quand elle est médiocre, change le rhythme de la respiration ; quand elle est devenue forte par un excès de chaleur, elle suscite le désir d’air et de boisson froide ; avec le temps, elle aboutit à la fièvre. La dyscrasie froide présente les phénomènes opposés, un désir d’air chaud, de boisson chaude, tant qu’elle est médiocre ; quand elle devient plus forte, le viscère se remplit d’humeurs.

Quant au crachement de sang venu du poumon avec toux par rupture, corrosion ou anastomose (division des vaisseaux à leur abouchement), nous en avons parlé précédemment quand il était question du rejet du sang (IV, viii), maintenant encore nous en parlerons brièvement. Les ruptures dans le poumon se reconnaissent au jet abondant de sang et à sa manifestation soudaine à la suite d’une cause grave antérieure évidente. J’entends par causes antéríeures, la chute d’un lieu élevé, ou dans la palestre, ou dans une lutte, ou celle d’une personne sur une autre ; de même encore le choc sur le thorax d’un corps pesant inanimé quelconque, par exemple, une pierre ou un morceau de bois. — Chez d’autres, la rupture a été précédée d’un mouvement de colère et d’un cri ; chez d’autres, disputant le prix de la cithare ou de la tragédie, un