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DES LIEUX AFFECTÉS, V, vi.

ne contribuant pas peu à leur descente, et souvent suffisant seule à l’effectuer, après que les aliments venus de la bouche sont poussés dans le commencement de l’œsophage. Dans la position sur le dos, aucun secours n’est fourni par la pente du canal ; mais l’acte de la déglutition est accompli par la seule action de ce canal. Or, vous savez que toutes les parties enflammées soufrent en agissant, et sont soulagées en se reposant.

Le canal étant doué de sensibilité, on peut se servir encore de ce privilège pour le diagnostic des affections qu’il éprouve, en interrogeant le patient lorsqu’il n’est pas complétement stupide, mais qu’il peut expliquer clairement ce qu’il souffre ; car s’il est capable de donner cette explication, les sensations du canal offrent le plus grand avantage pour le diagnostic des affections qui y ont leur siége. En effet, les malades se plaignent, tantôt qu’ils y ressentent de la faiblesse, les aliments ayant beaucoup de peine et mettant beaucoup de temps à traverser le canal qui les transporte, tantôt que, dans la première impulsion, ces aliments descendent facilement, puis qu’ils s’arrêtent comme s’il y avait obstruction, puis qu’ils parcourent le reste du trajet sans gêne et très-facilement. Le premier phénomène indique une atonie de la fonction, le second un rétrécissement en une partie du canal. On peut connaître les différences de l’un et de l’autre par les autres symptômes : pour l’atonie, quand elle est produite par une simple dyscrasie, sans tumeur contre nature, la lenteur du trajet des aliments ingérés est égale ordinairement, et sans douleur ; cette lenteur est accrue dans le décubitus sur le dos, et diminuée dans les positions perpendiculaires du cou ; ce rétrécissement n’est pas ordinairement accompagné de douleur. Mais l’atonie avec tumeur produit un rétrécissement dans une partie plus que dans les autres, et dans cette partie le trajet est lent. Lorsque la tumeur est inflammatoire ou érysipélateuse, il y a douleur, soif, sentiment de chaleur vive, avec fièvre, mais ni très-ardente, ni proportionnée à la soif. Si la tumeur n’est pas une tumeur très-chaude, il n’y a ni fièvre, ni chaleur, ni soif, mais inégalité dans la déglutition, les aliments étant arrêtés dans une partie, et plus encore si les malades avalent des morceaux gros et durs ; il y a aussi douleur légère.

Dans un certain cas, de semblables symptômes s’étant pré-