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DES LIEUX AFFECTÉS, V, ix.

s’étant jetée à la peau, mais l’ictère persistait les jours suivants. Nous examinâmes ses excréments et ses urines. Comme les uns et les autres paraissaient à l’état normal et indiquaient conséquemment que le viscère était exempt d’affection, l’idée me vint que la bile qui s’était jetée à la peau pouvait être trop épaisse. Guidé par ce raisonnement, j’observai de quelle nature était la sueur, et, la trouvant aqueuse, je conclus que la bile ne pouvait passer ; j’enjoignis au malade d’employer des eaux naturelles chaudes diaphorétiques et en même temps d’adopter un régime plus liquide et capable d’atténuer modérément la consistance de la bile. Il fut ainsi délivré de son affection, dont le diagnostic avait été confirmé et la guérison accomplie par un seul moyen de traitement. — Chez un autre individu, ayant trouvé une grande quantité de bile dans le strigile, je soupçonnai qu’elle était produite en abondance dans le corps entier, et, employant une médication en rapport avec cette idée, je le guéris. — Chez ceux qui, sans fièvre, éprouvant un sentiment de pesanteur dans l’hypochondre droit, étaient pris de jaunisse, pour fondre leurs obstructions, je leur ai donné, comme vous savez, des aliments, des boissons et des médicaments délayants ; puis leur ayant fait prendre un cholagogue, j’ai guéri en un jour la plupart d’entre eux. Quand les purgatifs n’avaient obtenu aucun résultat, je leur donnais un apéritif plus fort, puis un nouveau purgatif plus énergique, de sorte qu’au terme de la purgation, ils rendaient avec un sentiment de mordication très-vive, une bile noirâtre plutôt que jaune. — Je crois donc, d’après ces faits, que la vésicule biliaire éprouve une affection semblable à celle qui se produit dans la vessie où s’amasse l’urine. En effet, il s’accumule parfois une telle quantité d’urine dans cette vessie que, tendue outre mesure, elle ne peut expulser son contenu. Une double cause produit cette affection dans le réservoir de l’urine, car il n’y a pas d’inconvénient à donner ce nom à la vessie : il arrive, soit par la faiblesse de la faculté expulsive, soit par suite d’un sommeil profond ou d’absence de loisir que, l’urine étant retenue trop longtemps, la vessie est tendue outre mesure, et que par cette cause même sa faculté est affaiblie. Quant à la vésicule biliaire qui, dans sa faculté expulsive, n’est aidée en rien par la faculté psychique, il n’existe pour elle, comme pour les autres organes physiques, qu’une source d’atonie, laquelle dérive de la dyscrasie de la partie.