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Mais jusque vers 1675, aucun document sur les écoles de Saint-Etienne. J’ai lu attentivement toutes les délibérations du Conseil de la Commune de 1636 à 1639, si intéressantes à tant d’égards ; je n’y ai pas trouvé la plus petite allusion à une école.

Et, cependant, c’est vers ce temps, plus tôt peut-être, que Jacques Chapelon, l’aïeul de l’abbé, écrivait son petit poème sur l’Education des enfants de Saint-Etienne, un chef-d’œuvre de couleur et de vie. N’était la nécessité de traduire, c’est-à-dire de tout perdre, j’y relèverais des vers qui nous font bien connaitre le sentiment des plus pauvres ouvriers de ce temps et de ce pays sur l’école. L’enfant grandit dans la rue et autour des ateliers, en un milieu où se développent excellemment ses instincts et ses caprices de petit animal indompté ; il y profite de l’expérience des aînés ; il y apprend d’eux le langage du ruisseau ; il y est initié aux jeux tapageurs et violents, aux exploits des expéditions buissonnières qui sont des expéditions de destructive maraude ; il devient, à son tour, pour les plus jeunes, un chef et un guide et, enfin — quand il n’a pas mal tourné — il rentre dans l’atelier où il devient l’ouvrier paresseux qui ne trime et ne peine que poussé par la faim. Le côté féminin est un peu différent : je passe. Or, il y a un moment où le jeune vaurien traverse l’école — gratuite, assurément. — C’est le plus tard possible et le moins possible. Ce qu’il en reste : le souvenir de la férule et du fouet, un goût plus vif de l’indépendance.

On entend bien que le poème ne montre de la population stéphanoise que la couche profonde ; mais l’intérêt n’en est pas diminué ; la couche profonde tenait déjà grande place en ce temps : c’est pour elle qu’on allait ouvrir les Petites-écoles des pauvres.

Avant la création de ces écoles, on trouve, vers le milieu du XVIIe siècle, une institution d’enseignement, pour les filles. Dans la demi-douzaine de couvents fondés de 1608 à 1636,[1] le dernier en date, celui des Ursulines, paraît s’être attaché d’abord au service d’une école. Les Ursulines s’installèrent, en 1636, en un monastère déjà construit que leur cédaient les dominicaines de Sainte-Catherine, dont les destinées devenaient plus brillantes. Démoli vers 1843, ce monastère nous a laissé la place des « Ursules ». En 1675, on y enseignait. Dans le contrat de fondation de son école de garçons, le curé Colombet place, à cette date, la constatation suivante : … « les filles estant enseignées et instruites par les dames religieuses de Sainte-Ursule qui s’en acquittent avec zèle »…

  1. Attirés dans ce pays, dit l’abbé Chauve, par la salubrité de l’air, la bonté des habitants et la facilité d’y vivre avec aisance.