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appliqué. Comment apprendrait-il, en quelque sorte malgré lui ? alors qu’il ne songe qu’à être dehors, qu’il subit l’école et que, dans une classe trop nombreuse, il bénéficie de l’anonymat du tapage et des réponses en chœur. Lui apprend-on vraiment quelque chose du catéchisme ? C’est miracle. Aussitôt la première communion faite, l’enfant est à l’atelier.

Et, cependant, Ch. Demia, en 1688, fit promulguer un Règlement pour les écoles de la ville et diocèze de Lyon où il est question d’écriture et de quelque orthographe et arithmétique. On y relève un emploi du temps, où, dans une séance de trois heures, de 7 à 10 heures du matin, on fait deux prières, on lit, on écrit, on récite des leçons, on étudie une demande de catéchisme, on procède à un exercice particulier — de l’arithmétique par exemple — et on déjeune ! La séance du soir (de 1 h. et demie à 4 h. et demie) est aussi chargée : le déjeuner en moins, du plain-chant, en plus. Il y a là, évidemment, une singulière exagération de rapidité. En tous cas, il est clair que les commençants n’étaient aptes à faire que ce qu’on leur voit faire à Saint-Étienne : apprendre à lire et apprendre, par audition, les prières et le catéchisme.

Je dis bien : en réalité, pas d’enseignement primaire. Il s’agit simplement d’une œuvre de catéchiste pour laquelle la lecture est indispensable. C’est pourquoi l’instituteur doit avoir la qualité du catéchiste, être « promu aux ordres sacrés ».

L’Église attachait un prix énorme à cette œuvre. La France catéchisée ; tous les esprits également soumis à la même formule ne varietur ; l’unité morale attestée par la récitation des mêmes définitions et l’observation des mêmes pratiques, voilà ce qu’il s’agissait d’obtenir. En ces années de persécutions abominables et de Terreur qui vont de 1675 à 1726, la tyrannie séculière au service de l’Église est prise d’un zèle étrange pour l’instruction obligatoire, pour le catéchisme obligatoire plutôt.

L’ordonnance de 1698 (13 déc.) dispose : autant qu’il sera possible, on établira « des maîtres et maîtresses dans toutes les paroisses » pour instruire « tous les enfans ». L’instruction s’entend d’abord « du catéchisme et des prières… comme aussi apprendre à lire et même à écrire à ceux qui en auront besoin ». Les élèves seront conduits à la messe tous les jours ouvriers et à tous les services divins les dimanches et fêtes. Les parents et ayants droit seront tenus d’envoyer les enfants « aux écoles et catéchismes » jusqu’à l’âge de quatorze ans. Ces écoles seront instituées aux frais des communes qu’on pourra imposer jusqu’à la somme de 150 liv. pour un maître et de 100 liv. une maîtresse. Les curés, évêques, etc. sont chargés de veiller à l’exécution.