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JE SAIS TOUT

— Pas du tout, pas du tout, fit le cousin Hector avec aisance. Vous avez tous deux mes souhaits les plus sincères pour votre bonheur. Il secoua la tête à plusieurs reprises. Le petit animal ! s’écria-t-il. Penser qu’il s’est tu ! Il faut que je parle à l’ami Donald, il le faut.

Et se rasseyant, il condescendit à regarder de nouveau Caleb.

— Ah ! Taterley, dit-il en lui faisant un signe de sa main gantée. Comment allez-vous, Taterley ? Vous avez pris du service dans un autre bateau ? Quel indépendant coquin vous êtes.

Caleb sentait la colère lui venir, mais il parvint à répondre avec calme :

— Pas encore.

— Ah ! vous vivez de vos rentes, je suppose, demanda le cousin Hector avec un air indifférent. Très agréable.

— Taterley est avec nous, à présent, dit tranquillement Ella en jetant les yeux de l’un à l’autre des deux hommes.

— Et vous le trouvez sans doute un excellent domestique, demanda le cousin Hector en retirant ses gants et en les laissant tomber dans son chapeau.

— Nous n’avons pas de domestique, dit-elle avec une certaine crânerie. Taterley est ici comme ami, notre très bon ami.

Elle jetait un aimable sourire à Caleb en parlant.

Caleb gardait le silence, il sentait son cœur s’élancer vers Ella.

— Vraiment, dit Hector en haussant les épaules, c’est un très intéressant intérieur ! Très intéressant !

Très fière de sa position nouvelle, Ella commença à préparer le thé, avec l’aide de Caleb. Le cousin Hector regardait ravi et suivait leurs mouvements avec le plus vif intérêt.

— Je suis vraiment heureux d’être venu rendre visite à mon jeune ami Donald, dit-il en s’adossant à sa chaise, le tête gravement inclinée de côté, J’étais venu faire la causette avec un garçon célibataire, je me trouve reçu par une charmante et jolie dame que j’ai l’honneur d’avoir pour parente. De telles surprises sont le soleil et la musique de la vie.

Le visage et l’attitude du cousin Hector prirent une expression de respect rêveur.

Ella, d’ailleurs, ne faisait aucune attention à ses manières fashionnables. Habituée qu’elle était à la sincérité, le ton hypocrite de la voix du cousin Hector lui portait sur les nerfs et ce lui était un grand soulagement d’avoir Taterley auprès d’elle.

— Et je pense que notre ami Donald est en pleine prospérité, sans nul doute, dit-il bientôt en sirotant son thé.

— Donald travaille beaucoup, reprit-elle.

— Ça ne veut pas dire nécessairement qu’il réussisse, fit Hector avec un sourire discret. La fortune est injuste dans la distribution de ses faveurs : elle est sourde à l’homme qui la supplie le plus. Je n’ai ni supplié, ni adoré la Fortune. Je ne suis rien, si je ne suis pas un honnête homme et je répète que je n’ai pas cherché la fortune, mais elle est venue à moi les mains pleines. Ainsi va le monde.

— Nous avons été très heureux d’apprendre votre bonne chance, dit Ella. Il secoua la tête d’un air de reproche et dit :

— Voyons ! soyez franche avec moi. N’avez-vous pas le sentiment que cet argent aurait dû vous échoir et que je suis un affreux accapareur qui détient votre bien ? Soyez franche, je vous en prie.

Elle se mit à rire d’un air confus et dit :

— Vraiment, je suis sûre que je n’ai jamais vu les choses sous ce jour-là, M. Krudar. L’oncle de Donald avait le droit de disposer de son argent, personne