Page:Galmot - Quelle étrange histoire, 1918.djvu/104

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Le soleil couchant déploie des voiles rouges et de longs tapis rubis qui vont du ciel jusqu’à nous et qui sont les chemins par où s’avance la Nuit.

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La Nuit. Le divin Silence s’empare des dernières lueurs qui flottent. Le Bateau immobile est comme une femme agenouillée dans la pénombre d’une église. C’est un recueillement fervent…

Les dernières lumières du soir sont des reflets de vitraux qui s’éteignent. Comme des piliers de cathédrale montent les colonnes de brume qui sont les supports de la Nuit.

Dans le ciel, très haut, une image de la vie passe. C’est un vol de pluviers qui vient en forme de V. Ils viennent, les pluviers dorés, de l’Océan glacial Arctique. Ils vont dans l’Orénoque, ayant franchi quatre mille kilomètres d’un seul élan.

Ils glissent, soumis au Silence ; leur passage n’a pas troublé l’heure immobile.

Le Bateau est perdu dans la Nuit. Ce n’est plus qu’une ombre aveugle dans le monde extérieur qui défaille…

Et voici que la Mer, ce soir encore, devient phosphorescente. Elle se pare de feu, elle étend sur elle une moire vivante et chaude, une lueur