Page:Galmot - Quelle étrange histoire, 1918.djvu/135

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flamme, l’Indienne médite et regarde mes yeux.

Ses lèvres fines tremblent. Lily est tourmentée du désir de savoir. Comme les siens n’ont pas de dieux, elle ne sait rien du monde. Elle ne discerne ni le bien, ni le mal, ni la peur.

Lily se couche dans le hamac qui se balance dans la lumière rouge du feu. Je ne vois plus que sa tête attentive et penchée.

Quelques colonnes d’arbres géants apparaissent encore autour du carbet. Des souffles courent sur la trouée de la rivière. Et, du fond mystérieux de la Forêt, du lointain où jamais l’homme n’est allé, le Silence vient et couvre de sommeil le toit peuplé de la forêt.

Encore quelques cris, un vautour stupide hurle à quelque branche morte qui tombe. Le monbin, monstre de soixante mètres qui nous abrite, frémit au dernier vent et s’endort tout à coup accablé par la nuit.

— Tes yeux brillent… tu ne parles pas, mais moi je suis comme un ara qui s’agite et qui crie… Les hommes de ma tribu s’irritent et se battent, ils palabrent… et toi, pourquoi restes-tu immobile et silencieux ? Pourtant, quand il y a des pas dans le tracé, tu armes ton fusil et tu es prêt à tuer. Les hommes blancs tuent sans parler…