Page:Galmot - Quelle étrange histoire, 1918.djvu/14

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— Qui est-ce ? disent les meubles roux.

Le vieux bateau poussif glisse et geint, tout entier absorbé par l’effort de la mer.

Sur le pont, je suis seul. L’arrière est envahi par des bois en grume, des troncs de sapins qui vont à Curaçao pour faire des mâts de tapouilles.

Une cloche tinte trois coups. Au-dessus de moi, sur la passerelle, j’entends des pas. Le changement de quart… Verrai-je donc un visage humain ? Non, le silence est revenu et l’accès de la passerelle est fermé.

Il pleut, le froid me renvoie dans ma cabine. Il est tard. Encore des coups à la cloche, là-haut…

J’ai ouvert une malle… Une odeur de violette m’a pris à la tête. J’ai jeté par le hublot le flacon brisé et je range dans la commode les vêtements et le linge.

— Le dîner est prêt…

Une voix m’a soufflé cela dans la nuque.

Je me suis retourné avec un cri. Est-ce une façon d’entrer sans frapper et de parler ainsi sans prévenir ?

Le nègre qui était là est déjà sorti :

— Eh ! steward, eh !…

Le nègre est parti.

Alors je vais dîner. La salle à manger est à