Page:Galmot - Quelle étrange histoire, 1918.djvu/164

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

surveille les chauffeurs et obéit aux ordres du pilote qui règle la vitesse.

— Stoppez.

Le vieux garde-chiourme a déposé ses jumelles et pris le gouvernail.

Nous piquons droit vers la berge.

— Ils sont là à une portée de fusil… La chasse à l’homme va commencer. C’est une rude partie, dit le vieux garde-chiourme.

La chaloupe amarrée à la berge, les forçats détachent la pirogue que les remous de l’hélice ont à moitié remplie d’eau.

La pirogue est maintenant camouflée. Avec son épaisse bâche grise et ses rameurs accouplés, tirant sur les pagaies, coiffés de chapeaux de mineurs, elle ressemble à une barque de placériens.

La pirogue glisse silencieuse sous les palétuviers et gagne de vitesse les Indiens. Le soleil emplit la trouée de la rivière de souffles ardents qui courent sur l’eau comme les flammes d’un brasier.

La forêt voisine respire à longs traits, bruyante d’une vie obscure.