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Page:Galmot - Quelle étrange histoire, 1918.djvu/17

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III


— Réveille-toi, réveille-toi ! crie le vieux bateau dans la nuit.

Dressé sur ma couchette, j’écoute, le front plissé d’angoisse. J’entends les coups de bélier que donne la mer en furie sur la coque et j’entends l’eau qui tombe en cascade, là-bas, sur le pont.

— Réveille-toi, c’est la tempête !

Des souffles ardents courent dans le couloir, agitant les portes. Et ma cabine s’est remplie de voix humaines. Tous les bois craquent et crient. La sirène mugit là-haut, dans le ciel.

Tout à coup, l’hélice, qui sort de l’eau et tourne dans le vide, au sommet d’une montagne de mer, couvre la voix du vent d’un tumulte de ferraille, le bateau vibre et hurle ; la mer le couche et me jette hors du lit, puis voilà le bateau à pic, la proue vers le ciel, et le voilà qui rue, l’hélice encore hors de l’eau, l’avant enfoui dans la mer.

Le bateau silencieux frémit d’épouvante, son