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LXIX


La Solitude… Le silence est absolu. Le marais s’ouvre au bord de la forêt, étendue d’herbes vertes, habité par des êtres qui ont pris la même couleur et qui semblent former corps avec lui. La piste s’est arrêtée au bord de ce désert. Les hommes rampent péniblement dans la boue. Les Indiens ont entraîné notre caravane sur le marais qui efface toutes les traces.

Une lumière aveuglante, aiguë, tombe du ciel. L’horizon, perdu dans la brume, reflète les mirages d’étranges spectres qui disparaissent et reviennent dans la buée mouvante.

Le marais scintille et flamboie.

Lily guide la caravane. Elle lit sous les herbes de Para la trace des Indiens.

Nous sommes sur l’immense plaine comme des insectes noirs.

Les forçats épuisés s’arrêtent et demandent grâce. Nous n’avons plus de vivres.

Nous couchons, la nuit venue, roulés dans nos couvertures sur des lits d’herbes qui menacent de nous enliser dans la boue.