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IV


La Mer est un lac merveilleux que le soleil éclabousse d’or. Jusqu’au ciel, bleu ardent ou bleu clair, la Mer s’étend, nappe lumineuse, comme un voile de soie, brillante et moirée…

Le calme est venu tout à coup. Il semble que la Mer, épuisée par la lutte, s’est couchée hors d’haleine. Elle est là immobile, haletant à peine. Pas une ride, et, dans l’air, pas un souffle.

Le Bateau glisse sans bruit, dans un sillage d’écume. Il roule, lourdement, lentement, comme un marin sur terre. Dans la plaine bleue, on voit venir de l’horizon de lentes ondulations que l’on perçoit à peine, et qui sont comme les sanglots dans les visages apaisés, comme les sanglots qui soulèvent encore les poitrines longtemps après les pleurs.

Le Bateau s’est assoupi. Nulle âme ne l’habite. Le soleil qui incendie les hublots ne l’a point éveillé.

L’âme du vieux Bateau, rompue par cette lutte, dort quelque part, dans le salon fermé.

Une tiédeur de sommeil et de fatigue en-