Page:Galmot - Quelle étrange histoire, 1918.djvu/40

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— Et il a suffi qu’une femme vienne pour le tirer de son recueillement…

— Sais-tu pourquoi il l’aime ?… Il l’aime parce qu’il y a autour d’Elle un mystère qu’il ne peut pas pénétrer.

Un soir, il était assis à l’avant et jouait du violon. Le mouvement de l’eau le soulevait et le précipitait tout à coup au fond des vagues, et le vent éparpillait la musique.

Elle vint s’asseoir sur des cordages. Elle écoutait en regardant la Mer au point où elle entre dans les nuages. Ils ne se connaissaient pas encore.

Quand il la vit il cessa de jouer.

— Voulez-vous jouer encore ? fit-elle.

Elle avait les joues en feu.

— Non, répondit-il en se levant… Il titubait en marchant. Je crois qu’il y avait du roulis, je crois aussi qu’il était un peu ivre de drogue…

— C’est un malade…

— Un artiste et un malade… Ce visage calme, ces yeux bleus lumineux et lointains, ces traits rudes malgré la finesse de la peau, ces épaules d’athlète, tout ce beau corps jeune et sain, je l’ai vu allongé sur le sol, secoué de convulsions atroces. La bouche crachait de l’écume et du sang, les yeux étaient chavirés et la peau gluante