Page:Galmot - Quelle étrange histoire, 1918.djvu/42

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


IX


Quelle idée de venir coucher à bord, dans une cabine étroite et sans air ! J’aurais dû passer à terre cette nuit torride. Me voici les membres rompus par une nuit d’insomnie.

Vers l’aube, une voix de violon est entrée chez moi douloureuse et tendre. Des cordes pleuraient au loin, mais dans des sanglots étouffés et si loin que l’air en supportait à peine le poids. Assis sur ma couchette, attentif, j’ai écouté sa prière et son appel. C’était une phrase langoureuse que le violon recommençait, recommençait…

Et comme cette caresse s’est arrêtée tout à coup, j’ai pensé que le violon était peut-être tombé des doigts frémissants du docteur et qu’il était là, couché sur le sol, convulsé, le visage plein de bave et de sang…

La fraîche lumière de l’aube m’endort enfin… et je les vois là-bas, dans mon sommeil, je les vois encore sous les orangers du Monte…

Ah ! comme ils s’aiment…

Quand Elle est descendue sur le quai, il l’at-