Page:Galmot - Quelle étrange histoire, 1918.djvu/51

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ils touchent l’eau et repartent, et semblent jouer de vitesse avec nous… Mais ils volent pour sauver leur vie. Au-dessous d’eux, la gueule ouverte, une bande de marsouins glisse en rangs serrés, guettant l’inévitable moment où les poissons volants épuisés plongeront.

Dans le remous du bateau, les requins, chasseurs de détritus et d’ordures, vidangeurs de la Mer, roulent sans effort, leur masse ronde. Ils vont par rangs de quatre à cinq, indolents, escortés de leurs petits qui entrent dans leur gueule ouverte et en sortent en jouant. Parfois, d’un élan, un requin happe le passage d’un gros poisson ; cela dure une seconde et met quelque désordre dans le cortège.

Par quel sens mystérieux les poissons qui nous escortent sont-ils accourus du large ? Comment savent-ils que le Bateau porte avec lui de la nourriture ?

À l’heure fixe où les cuisiniers jettent les rebuts à l’eau, on voit des centaines de poissons à tribord guettant le geste habituel…

En quelques instants, tout ce qui est jeté à la mer disparaît. Les petits avalent tout ce qu’ils peuvent prendre.

La fête est courte, car aussitôt les marsouins, les bonites, les maquereaux géants accourent et tuent…