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Page:Galmot - Quelle étrange histoire, 1918.djvu/54

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— Il faut croire en Dieu. Est-il possible que vous soyez ainsi, cela porte malheur ?…

— …

— J’avais une grand’tante qui me montrait Dieu le Père sur des images anciennes. J’avais peur de ces chromos où le Bon Dieu est représenté comme un vieillard laid et coléreux. Le vrai Bon Dieu est tel seulement que je le vois : souriant, tranquille, très bon, très doux, très heureux. Je le prie souvent. Je suis sûre qu’il m’entend.

Le bruit du large couvre parfois la voix qui défaille.

Elle murmure encore des mots qui sont, je crois, une prière.

Son bras pend hors du hamac et je presse sur mes lèvres une main qui s’abandonne.

Elle dort. Son beau corps, enveloppé dans les mailles du voile aérien, flotte dans la lumière.

La Mer chante au loin. Quelques vagues de vent passent qui font flotter les cheveux épandus comme un éventail d’or.

Elle dort… Ses lèvres entr’ouvertes sont très rouges sur l’émail des dents. Aucun rêve ne trouble l’âme apaisée.

Comme tout est calme… Mais le Bateau pour la bercer s’anime et la Mer chante je ne sais quelle berceuse monotone.