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Page:Galmot - Quelle étrange histoire, 1918.djvu/64

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les bois de châtaigniers. Je jouais à recevoir les fées du bois que j’invitais à la dinette. La châtaigne bouillie craque sous la dent, et remplit la bouche d’une pâte brûlante et sucrée. Quand je rentrais repue, à la tombée de la nuit, ma mère pleurait quelquefois d’angoisse.

Un jour, un loup est venu rôder autour de mon feu. J’ai eu si peur de cette ombre que la nuit encore, parfois, je rêve au loup… C’est un grand loup, couleur de feuilles mortes, avec des yeux lumineux… Il vient à travers la muraille… »

Elle a permis que je mette sa tête sur ma poitrine, mes lèvres touchent ses cheveux.

— Il fait bon, dit-Elle… Quel singulier voyage…

Je crois qu’elle va dormir. Mais ses yeux verts se lèvent vers moi confiants, ses yeux verts ont des regards d’enfant triste. Une âme nouvelle habite ces yeux fendus, et comme allongés sur les tempes, et qui sont les plus beaux yeux de femme.

Je crois qu’Elle dort, et pour qu’Elle dorme ainsi je récite des mots qui n’ont point de sens et qui la berceront :

— J’aime, d’un amour qui touche à toutes les forces de ma vie, la Mer qui me parle et dont j’entends la langue. Maintenant il me semble que vous êtes venue de la Mer… Tout homme